C'est l'histoire (vraie) d'un
soldat japonais qui est resté de 1945 à 1974 dans
la jungle d'une petite île des Philippines, pensant que la
guerre n'était pas terminée, emmenant dans son délire
trois autres soldats. L'un, un peu plus lucide, s'échappe
du groupe, tandis que les deux autres sont tués lors d'échauffourées
avec les habitants de l'île. Ne reste donc que cet homme,
qui aura tué une trentaine de civils, enfermé dans
sa folie, sourd aux personnes lançant des appels pour qu'il
jette enfin les armes, ce qu'il fera finalement, sans doute à
bout de forces, ou convaincu par un brave type plus malin que les
autres.
L'histoire n'est pas banale, elle est rendue possible par le conditionnement
de certains soldats et les coupables sont probablement à
chercher du côté des autorités militaires. Le
film raconte en détails cette longue errance dans la jungle,
entre discipline absurde et récit de survie, et il faut bien
dire qu'au bout d'une demie-heure, on a compris le principe. L'homme
est aveuglé par sa détermination, il ne doute jamais
et s'enfonce dans l'erreur.
Quelques flash-backs sur sa "formation" militaire tentent
d'expliquer le personnage, sans beaucoup de subtilité. Lorsqu'enfin
entre en scène l'étudiant (un peu dingue aussi) qui
le ramène à la raison, le film prend une autre tournure,
beaucoup plus intéressante, bien plus complexe, mais cela
arrive trop tard et le retour à la vie "normale"
n'est pas traité, alors que cela aurait sans doute été
plus riche, plus étonnant.
Toute la partie dans la jungle, qui représente l'essentiel
du récit, est interminable, répétitive, banalement
descriptive, terre à terre, là où on pouvait
s'attendre à infiniment plus de trouble, de mystère
et d'ambiguïté. On pense un peu à La ligne
rouge de Terrence Malick, ou bien à Apocalypse Now,
mais ces 10 000 nuits (et jours) restent au ras de la gadoue (il
pleut beaucoup).