Au bout d’une demi-heure,
quand la sensation d’endormissement devient lourde, on se demande,
pour ne pas sombrer totalement, ce qui a bien pu séduire les
éminents membres du jury cannois qui ont décerné
la palme d’or à ce cauchemar…
Il n’y a pas vraiment d’histoire, les personnages sont
des ectoplasmes ou des vieilles badernes sans aucun charme, la mise
en scène semble avoir été confiée aux
pires cancres d’une école de cinéma qui serait
spécialisée dans le cinéma d’auteur hermétique.
La lenteur peut être hypnotique, elle n’a ici aucun sens,
le calme qui en résulte est proche du vide, loin d’un
sentiment de plénitude. La poésie des images, au détriment
d’un récit construit, est parfois, dans d’autres
films, un bonheur pour les yeux et de fait un repos pour le cœur
; malheureusement ce Boonmee est d’une laideur repoussante avec
des couleurs fades, sans profondeur, des contre-jours et clairs-obscurs
insipides, comme ratés : aucune poésie ne s’en
dégage. Les fantômes censés donner corps et ombres
au récit font un peu peur, non pas par leur influence sur la
pseudo histoire, plutôt par leur réalisation technique
: ils ne frôlent pas le ridicule, ils sont en plein dedans.
De temps à autre, on entend une bande sonore un peu étrange
qui donne comme un semblant du début d’une vague ambiance
mais elle finit par renforcer la vacuité des différentes
séquences, chapelet de scènes sans queue ni tête,
sans mystères.
Donner la palme à un tel film semblait osé, dérangeant
; c’est simplement désolant : les spectateurs qui font
confiance au label "Festival de Cannes" et vont voir systématiquement
les œuvres primées en seront pour leurs frais et risquent
de ne pas revenir dans une salle de cinéma avant longtemps
ou bien ils se précipiteront sur les gros succès américains…