C'est le temps des auteurs du
cinéma français, après Brizé et Desplechin,
voici Garrel.
Evacuons tout de suite le faux procès qu'on peut lui faire,
"il fait toujours le même film depuis des années…",
oui, et alors ? Il en est de même pour tellement de cinéastes
! Et puis il y a des nuances, et c'est dans ces nuances qu'on reconnaît
le talent, c'est pour elles qu'on revient voir un film de tel ou
tel auteur.
Ce Garrel-là, est encore en noir et blanc (très belle
photo), plutôt court (le précédent l'était
aussi), parle d'amour, de relations amoureuses, de la difficulté
d'aimer, de l'amour comme une prison, du désir dans l'amour,
des amants qui s'aiment…ou pas, mais au fond, y a-t-il un
Garrel qui ne parle pas d'amour ? Ce n'est sans doute pas le sujet
et ce qui se joue entre les personnages qui peuvent intéresser
le spectateur, il n'y a rien de novateur dans le discours et dans
le point de vue du réalisateur. Les acteurs jouent une partition
bien connue, peut-être un peu trop attendue, mais lui donnent
une intensité assez crédible. Il y a certes de la
passion et du discours amoureux intellectualisé mais il y
a aussi des regards, des silences, des hésitations, des revirements
qui touchent, tout de même. On pourra regretter le caractère
trop sombre et plutôt détestable du personnage joué
par Merhar, une sorte de caricature de l'homme lâche, conscient
de sa lâcheté et ne faisant pas grand-chose pour y
remédier. Les deux femmes ont plus de nuances, plus de force
et de fêlures mêlées.
Tout cela a le mérite d'être court (mais il est vrai
qu'on ne s'en rend pas compte, est-ce un bon signe ?), de ne pas
céder à une noirceur indélébile et de
montrer un quartier de Paris peu utilisé au cinéma
(le 9ème arrondissement). Ce n'est pas tout à fait
suffisant pour emballer, mais au moins on ne s'ennuie pas.