Les oiseaux de passage

Improbable mélange de scènes quasi documentaires et très ethnologiques, d'un récit de luttes entre clans familiaux tendance Parrain ou Scarface, d'une ambiance de western crépusculaire, de quelques trouées glaciales issues d'un épisode perdu et refusé de Dallas, et d'une fin digne d'une tragédie grecque, ce film a de quoi surprendre, bousculer quelques habitudes de spectateur. Les rêves, les croyances, les traditions archaïques ont une importance capitale pour une grande partie des personnages, tandis que les autres découvrent avec une soif inextinguible les délices empoisonnés du capitalisme et du commerce illégal, étroitement liés… Le début du récit fait plonger le spectateur dans un univers totalement inconnu, une vie quotidienne immuable ou presque depuis des siècles, au sein d'une tribu d'Indiens du nord de la Colombie, puis la culture et le commerce de la marijuana viennent tout bouleverser, et les fusils remplacent peu à peu les colliers de pierres. Le tout est filmé avec une rage et une audace plutôt vivifiantes, avec les défauts de ses qualités, quelques longueurs et insistances, mais l'ensemble a tellement de caractère et d'inventivité dans le recyclage et le métissage des films de genre (gangsters, western, tragédie,…) qu'il parvient à créer un style unique, inédit, étonnant, détonnant.