L’histoire joue avec quelques-unes des peurs du vingt-et-unième
siècle, le terrorisme, l’impression de surveillance constante,
la solitude malgré la foule environnante.
Tout le début est mené tambour battant, sans pause.
Après une brève présentation des deux personnages,
les voilà tous les deux embringués dans une aventure
qui les dépasse, conduits par une mystérieuse voix au
téléphone et des messages sur les panneaux d’information
urbains. Pendant au moins une demi-heure, on est avec eux, avec un
très sérieuse envie d’en savoir plus, pour comprendre,
pour démêler cette pelote d’embrouilles. Est-ce
un rêve, un monde parallèle, de véritables terroristes,
une affaire d’état, une expérimentation sur des
cobayes choisis au hasard ? Tout est possible, puis au fur et à
mesure que les choses s’éclaircissent, la vérité
est mise à jour, et malgré la belle prestance des deux
acteurs principaux et l’opiniâtreté du flic lancé
à leurs trousses (Billy Bob Thornton, qu’on devrait voir
plus souvent sur les écrans), cette vérité est
consternante et débouche sur des messages patriotiques américains
assez détestables. Dans l’œil du mal, il y a le
mal, et bien sûr ce mal n’est pas le monde musulman, mais
ce n’est pas non plus un fanatique quelconque, américain
ou autre, c’est juste…
C’est juste que lorsque Orwell imagine Big Brother, ou quand
Kubrick donne une identité à l’ordinateur de bord
du vaisseau spatial, on est à des années lumières,
en matière d’informatique, de notre monde d’aujourd’hui.
En 2008, cette façon de ne pas désigner de responsables
d’une part et de glorifier l’action individuelle d’autre
part est nauséabonde.