Certes, l'histoire est attendue,
prévisible dès les premiers regards échangés
entre les deux personnages. Certes, tout ce qui tourne autour des
chevaux, la jument (Mandarine) et l'étalon, est un peu lourd
de signification, de sous-entendus (sans parler du cerf et de son
brame). Certes l'image est un peu trop belle, trop propre, le récit
ultra classique, le montage sans beaucoup d'imagination.
Mais le film est prenant, émouvant et aborde un sujet rarement
traité au cinéma de cette manière, aussi crûment,
de façon aussi directe. Et c'en est passionnant. Alors même
que l'on sait comment cela va finir, que cela soit montré
ou suggéré, tout ou presque ce qui est dit sur l'amour,
le désir ou son absence, surprend, choque, trouble. Le plus
grand mérite en revient à Georgia Scalliet, comédienne
de théâtre dont c'est ici le premier rôle au
cinéma. Et quel rôle ! Une femme qui sait ce qu'elle
ne veut pas, une femme belle, forte, dévastée par
la guerre et pourtant debout, drôle, ayant du répondant,
un caractère pétillant et doux en même temps.
Tout être aimant les femmes ne peut rester insensible à
sa personnalité, son charme, son audace… En face d'elle,
Olivier Gourmet, dans un rôle un peu différent de ce
qu'il fait la plupart du temps (ce n'est pas, ici, l'homme qui travaille…),
semble d'abord presque emprunté, réservé, séduit
bien sûr mais comme tétanisé par sa partenaire.
Mais il ne s'agit pas de l'acteur, c'est bien le personnage qui
se comporte ainsi. La suite du récit le fait d'ailleurs évoluer
vers une virilité retrouvée, en passant par quelques
attitudes abjectes…
Le réalisateur et son scénariste affirment s'être
inspirés du "Lady Chatterley" de Pascale Ferran
et de "la leçon de piano" de Jane Campion, il y
a effectivement de cela, une sorte de féminisme sensuel,
ou une sensualité féministe… Mais le film a
sa personnalité propre, bien plus originale et moderne que
sa facture classique le laisse supposer.