Nymphomaniac
(volumes 1 et 2)

Lars von Trier

L'histoire

Par une froide soirée d’hiver, le vieux Seligman découvre Joe dans une ruelle, rouée de coups. Après l'avoir ramenée chez lui, il soigne ses blessures et l’interroge sur sa vie. Seligman écoute intensément Joe lui raconter en huit chapitres successifs le récit de sa vie aux multiples ramifications et facettes, riche en associations et en incidents de parcours.

 

 

 


Avec

Charlotte Gainsbourg,
Stellan Skarsgard,
Stacy Martin,
Shia LaBeouf,
Christian Slater

Sorti

le 1er janvier 2014 (vol 1)
le 29 janvier 2014 (vol 2)


La fiche allociné (volume 1)
La fiche allociné (volume 2)

 

 

La critique d'al 1

Effroyable splendeur

 

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce cinéma-là n'est pas tiède, ni consensuel, ni reposant. On en sort dérangé, bousculé, peut-être meurtri, sans doute différent, certainement pas indifférent.
C'est pour un petit marathon cinématographique qu'on s'engage, deux "volumes" de presque deux heures chacun. A la fin du premier, la fascination était manifeste, à l'issue du deuxième, il y avait comme un écœurement, un trop-plein de noirceur...
Lars Von Trier est un créateur, autant dans le fond que dans la forme. Il raconte la vie, sexuelle, entre autres, d'une femme pour qui le sexe prend une place énorme. Elle se dit nymphomaniaque, d'autres lui donnent du "sex addict", le réalisateur dans ses déclarations fluctuantes nous égare, il est lui-même trop provocateur dans ses dires pour que l'on puisse vraiment prendre ses affirmations sur ses intentions comme un reflet exact de sa pensée, de sa volonté. On en est donc réduit à une simple position de spectateur, et à essayer de comprendre ce que tout cela peut vouloir dire. Est-ce un prétexte à montrer sur des écrans classiques ce que l'on n'y voit pas d'habitude ? Ce serait tellement réducteur de n'y voir qu'un porno déguisé que l'on peut rayer cette option. Est-ce au contraire un jeu à tendance psychanalytique où un personnage plonge dans son passé et ses souvenirs, réels, fantasmés ou carrément réinventés, à la manière d'une Lola Montès, ou même d'un Keyser Söze (Usual Suspects, si, si !) ? Il y a un peu de cela, mais pas seulement. Et si on peut le recevoir comme une version démesurée et destructrice des Mille et une nuits, c'est aussi une longue descente en enfer, une nouvelle preuve de l'effroyable haine du genre humain de la part du réalisateur danois, d'une noirceur exagérée (la fin est dans ce sens une sorte d'apothéose à l'envers, attendue et donc décevante).
Le scénario fonctionne par chapitres bien distincts racontés par une femme venant de se faire agresser, entrecoupés des commentaires de l'homme qui l'a secourue et qui apparaît tour à tour comme un bienfaiteur, un analyste, un moralisateur, un érudit digressif, un candide éberlué...
Le film passe d'une crudité sexuelle sans aucune sensualité à un imaginaire puissamment poétique, de plus en plus sombre, de plus en plus désespéré au fur et à mesure de l'avancée du récit.
Grand film blessé, terrible et magnifique, enthousiasmant puis détestable, Nymphomaniac n'est pas à mettre devant tous les yeux, pouvant provoquer l'adhésion profonde comme le rejet définitif...

Pas encore de commentaires pour ce film

 

Envoyez votre commentaire