Les nouvelles du Monde ne sont
pas réjouissantes. L’état de solitude de chacun
progresse, malgré les foules et quel que soit son niveau d’études,
sa place dans la société, le pays d’où
l’on vient.
Ce constat désespérant suinte à grosses gouttes
dans ce film sans véritables histoires. Le récit classique
abandonné au profit d’impressions de voyages particulièrement
sinistres, on en ressort avec une furieuse envie d’images colorées,
romantiques et drôles qui raconteraient une histoire qui finit
bien. En effet, la volonté du réalisateur de montrer
la grisaille partout est prégnante et parfois même flirte
avec le procédé. Cependant, au bout du compte, ces portraits
impressionnistes, presque sans dialogues, finissent par toucher, bien
qu’on ne puisse pas proprement parler de personnages de cinéma
; de plus au cours de chacun de leurs périples, les rencontres
sont rares et ne les font pas évoluer.
Il reste que le film est à voir comme un long poème,
évoquant trois itinéraires en parallèle, se frôlant
parfois, réclamant du spectateur pas mal d’initiatives
pour émettre des hypothèses sur les circonstances ou
les causes ayant jeté ces trois-là sur les routes, pour
imaginer la signification des regards, des sonneries de téléphone
qui résonnent dans le vide, des silences… On peut aussi
chercher dans tous les non-dits, des raisons d’espérer,
des occasions de rêver un avenir à ces trois fétus
de pailles abandonnés dans la tempête de la mondialisation.
Les ambiances sonores, superbement travaillées, étonnamment
plus signifiantes que les images, aident et guident (un peu) le spectateur
dans ses rêveries.