C'est une famille en crise, une
de plus… les raisons de la crise sont essentiellement extérieures,
en particulier l'expropriation des terres de l'exploitation agricole
qui fait vivre toute la famille. Celle-ci vacille, tangue, se fissure,
mais n'explose pas : il y a beaucoup de solidarité et d'amour,
malgré les brouilles, les coups de colère, les déceptions…
Parfois traité comme un documentaire sur le marasme qui touche
tout le monde paysan, le film évoque la situation d'une petite
exploitation espagnole, mais ce qui est montré n'est sans
doute pas très éloigné de ce qui se passe dans
d'autres fermes partout en Europe, menacées par l'industrialisation
des cultures. Il y a aussi un aspect Tchekhov, on pourrait se croire
dans une variation autour d'Oncle Vania, il n'y a aucun
misérabilisme, on sent que la famille a vécu des périodes
plus fastes (il y a une piscine dans le jardin), les enfants ne
sont pas malheureux, les repas ont des airs de fêtes. Le récit
est parfois un peu léger, manquant de souffle mais pas de
crédibilité, ni de spontanéité : on
sent que beaucoup de scènes ont été tournées
en improvisation. La lumière est crue, souvent blanche, c'est
un soleil de plomb qui gomme les contrastes… C'est la chronique
douce-amère de la fin d'un monde, de plus en plus touchante
au fur et à mesure de l'avancée du film.
