Jesse est un enfant singulier.
Il passe beaucoup de temps auprès des adultes, requiert énormément
leur attention, a des conversations qui n'ont rien à voir
avec le monde de l'enfance.
Malgré sa bouille charmante, ses réflexions pointues
et son originalité, Jesse se révèle assez vite
prodigieusement agaçant. Un enfant roi, à qui tout
est dû, qui ne supporte pas qu'on ne s'occupe pas de lui,
qui ne supporte pas non plus qu'on s'occupe trop de lui. En réalité,
qui ne supporte pas grand-chose. On peut le comprendre, son père
est malade, bipolaire sans doute ? Sa mère entretient avec
lui une relation fusionnelle, comme si Jesse n'était pas
son enfant, mais son meilleur ami. Lorsque son oncle, un brave type
qui ne veut de mal à personne et qui n'a pas d'enfant lui-même,
doit le prendre en charge pour quelques jours, il est assez rapidement
submergé.
L'image en noir et blanc est magnifique, contrastée, nette,
artistique. Il y a un gros travail sur le son, plutôt plaisant.
Mais le film est très, très bavard. Peut-être
pour faire ressentir ce qu'exprime la mère sur son propre
fils :elle n'en peut plus de ses prises de parole sur tout et n'importe
quoi, sa façon de tout remettre en cause, de s'interroger
sur tout mais de ne pas répondre aux questions. Aussi, lorsqu'enfin
l'oncle rend Jesse à sa mère et que le spectateur
est censé s'émouvoir sur cette séparation (puisqu'évidemment
– c'est un film américain - les deux ont fini par bien
s'entendre), on peut éprouver un réel soulagement.
Il fut un temps où on aurait pu dire qu'il y a des coups
de pied au cul qui se perdent… mais cela est devenu totalement
incorrect. Dommage. Reste un beau personnage, celui de l'oncle,
infiniment plus intéressant que le gamin tête à
claques.