Nomadland

Chloé Zhao

L'histoire

Après l’effondrement économique de la cité ouvrière du Nevada où elle vivait, Fern décide de prendre la route à bord de son van aménagé et d’adopter une vie de nomade des temps modernes, en rupture avec les standards de la société actuelle. De vrais nomades incarnent les camarades et mentors de Fern et l’accompagnent dans sa découverte des vastes étendues de l’Ouest américain.

Avec

Frances McDormand, David Strathairn, Gay DeForest

Sorti

le 9 juin 2021


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Décroissance subie, ou choisie ?

 

C'est toujours un peu gênant, ce mélange de fiction et de documentaire, qui fait naître des doutes sur ce qui est de l'ordre du réel, et ce qui est inventé ou juste déformé ou adapté pour que cela soit tout de même du cinéma. Frances McDormand est formidable, elle reste très loin de ses personnages déjantés qu'elle a pu jouer chez les frères Coen ou ailleurs, elle est d'une sobriété (de jeu) impressionnante. Mais elle est un visage connu, très connu, au milieu d'hommes et de femmes jouant leur propre rôle.
Pas d'intrigues, ou si peu. Pas de suspense. Pas de tension, ou presque. Pas de larmes ou de cris, ou vite effacés, oubliés. Juste la description d'un mode de vie que l'on croirait d'un autre âge et qui resurgit, mi subi, mi choisi. Une Amérique qui vit sa pauvreté dans les marges, où il n'est question ni de honte, ni de fierté. C'est simplement ainsi, des personnes ayant rompu avec une vie d'avant, pavillon, famille, travail stable et qui se retrouvent sur les routes, sans domicile fixe, courant les boulots saisonniers, vivant de peu, goûtant les merveilles d'une nature immense, ou les subissant. Comme une mutation post apocalyptique qui n'aurait touché qu'une petite fraction de la population. Cela peut créer de l'ennui, ou de la fascination, ou les deux à la fois. Le film ne condamne personne, pose un regard empreint d'humanité sur les choses, les personnages. En cela, il est très politiquement correct et ne bouscule rien. Mais il n'est sans doute pas fait pour cela. Chloé Zao n'est pas une révolutionnaire, ni une pamphlétaire, juste une fine observatrice de quelques acteurs d'une décroissance ambiguë, paradoxale : le monde capitaliste a rejeté ces hommes et ces femmes hors de sa sphère et de ses possibles, mais ces exclus se faufilent et reviennent à l'intérieur, de façon transitoire peut-être, mais en servant l'un des piliers du e-commerce. Le monde est fou.

 

Vos commentaires pour ce film

Un beau film social, portrait nuancé d'une femme, son parcours dans les grandes plaines de l'Ouest américain, de parking en camping, de saisons en saisons, la sexagénaire circule de boulot en boulot.
Une femme qui rencontre d’autres routards, qui ne dit presque rien, qui écoute et sourit, on lit dans son regard la fatigue, on devine la liberté. La simple et basse lumière, nous peint la beauté de l'Ouest américain, c’est beau, c’est lent, un peu sombre ou angélique.


Dominique P, le 19 juin 2021

 

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