Pour son quatrième film,
Zabou Breitman a le droit de passer à côté de
son sujet. Elle a déjà donné tant de bonheur,
avec "l’homme
de sa vie"…
Dès les premières minutes de ce "No et moi",
on sent que l’émerveillement ne sera pas au rendez-vous.
La forme est classique, presque banale. Pas de recherche de couleurs,
d’ambiances sonores ou de cadrages atypiques, Zabou Breitman
a choisi de s’en tenir à son histoire, de lui faire confiance.
Elle a fait le pari de l’authenticité, sans surcharge
esthétique, avec un récit linéaire. Bien qu’un
peu déçu, on l’accepte tout de même, d’autant
que la très jeune fille qui joue le personnage de Lou envahit
l’écran avec son visage mélancolique. Puis arrive
Nora (dite No), la SDF sur qui repose la majeure partie du récit.
Julie-Marie Parmentier compose son personnage, débit de parole
très rapide, agressivité suivie de douceur, ne supportant
pas d’être là puis envahissante… C’est
plus une performance qu’une véritable incarnation, elle
n’est pas crédible, donne à voir et à entendre
mais rien à ressentir. L’actrice n’est sans doute
pas la seule à porter le poids ce personnage presque trop bien
dessiné et du coup, sans vie : la mise en scène et l’histoire
n’apportent que trop peu de nuances, n’évitent
pas les clichés, transforment parfois la chose en un faux documentaire
sur les SDF… Quelques scènes apportent tout de même
de l’émotion, mais celle-ci vient essentiellement de
Lou, et on sent comme une gêne, comme une sorte de malaise à
ne plus voir le personnage de No que comme un faire-valoir, une étrangeté
comme une autre qui permet à la famille de Lou de se reconstruire…
C’est d’autant plus troublant que le couple joué
par Campan et la réalisatrice elle-même fonctionne plutôt
bien et que lui aussi, comme la petite fille, est porteur d’émotions.
Zabou Breitman a donc (un peu) raté ce film. Cela arrive, même
aux plus grands. On attendra avec impatience sa prochaine œuvre…