S’il n’y avait le couple
d’acteurs, l’histoire paraîtrait presque banale,
au moins déjà vue. La perte des illusions, le désamour,
l’éloignement, l’inexorable affadissement des sentiments,
les sursauts éphémères, tout cela a déjà
été traité au cinéma. Sam Mendes le fait
cependant très bien, avec une très légère
pointe d’ironie, moins tranchante que dans American Beauty,
mais avec tout de même beaucoup de finesse et en suggérant
plus qu’en montrant, et cela se révèle au final
tout aussi troublant.
Mais ce qui attire une bonne moitié des spectateurs ici, ce
qui fascine bien au delà de la seule volonté du réalisateur,
c’est de voir réunis les deux jeunes amoureux de Titanic.
Le film de Cameron est inscrit dans la mémoire collective,
l’amour fou de Jack et Rose est devenu un mythe.
Les noces rebelles (titre français stupide, pourquoi n’avoir
pas gardé Revolutionary road ?) s’attaque à ce
mythe sans forcément le vouloir. On a bien du mal à
oublier les regards et les étreintes d’il y a onze ans,
on peut y voir, avec une certaine dose de cynisme, comme une sorte
de suite alternative : et s’ils avaient survécu, voici
ce qu’ils auraient pu devenir… Malgré leur magnificence,
ils auraient été confrontés aux affres de la
vie quotidienne, si terriblement destructrice.
Kate Winslet montre toute l’étendue de son talent, jouant
la colère ou le glamour, passant par la résignation
et la mélancolie, ou un fol enthousiasme. Elle est formidablement
belle et son regard parfois fait peur tant il est séducteur.
DiCaprio est en face beaucoup moins convaincant. Monolithique, sans
nuances, pas très crédible en père de famille
et surtout ayant gardé une allure juvénile peu en adéquation
avec certains aspects du rôle.
Kate
Winslet et Léonardo DiCaprio, un couple de cinéma à
l'épreuve du temps...