Rob Marshall reprend la même
recette que celle de Chicago. Il faut dire que pour la comédie
musicale animée par Richard Gere, Renée Zellweger et
Catherine Zeta-Jones, cela avait fort bien fonctionné. Le mélange
des scènes "réelles" et théâtralisées
s’adaptait au récit de façon presque naturelle.
Ici, on ne peut pas parler d’une véritable histoire.
Succession de scènes montrant l’indécision amoureuse
et artistique d’un metteur en scène adulé, avec
une vague, très vague parenté au "Huit et demi"
de l’inégalable et inimitable Fellini. Les numéros
se suivent donc et se ressemblent un peu trop. Musique sans caractère,
paroles insipides, chorégraphies sans innovations et exécutées
sans beaucoup de grâce. Quelques morceaux surnagent de cette
soupe, un show torride (qui se veut torride sans tout à fait
y parvenir) de Penélope Cruz, une danse provocante dans le
sable, Marion Cotillard livrée en pâture à de
multiples mains… mais au final, rien qui fasse trembler, une
façon de filmer monocorde qui tente de se faire oublier dans
un montage stroboscopique, Daniel Day-Lewis assez insupportable en
artiste faussement tourmenté… De toutes les femmes, seuls
les personnages de l’épouse (Cotillard) et de la costumière
(Judi Dench) semblent avoir été écrits, pensés
au-delà du cliché. C’est donc globalement une
déception, un gros gâchis de talents et de moyens. Peut-être
le film manque-t-il d’un scénario, tout comme celui que
le réalisateur joué par Day-Lewis tente de mettre en
route. Mais "Huit et demi" avait-il réellement un
scénario ? Pourtant le film de Fellini est un chef d’œuvre,
lui.