Ni le ciel ni la terre

Clément Cogitore

L'histoire

Afghanistan 2014.
A l’approche du retrait des troupes, le capitaine Antarès Bonassieu et sa section sont affectés à une mission de contrôle et de surveillance dans une vallée reculée du Wakhan, frontalière du Pakistan.
Malgré la détermination d’Antarès et de ses hommes, le contrôle de ce secteur supposé calme va progressivement leur échapper.
Une nuit, des soldats se mettent à disparaître mystérieusement dans la vallée.

Avec

Jérémie Renier, Kevin Azaïs, Sawann Arlaud, Marc Robert, Finnegan Oldfield

Sorti

le 30 septembre 2015


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Si, si, le ciel… (au secours !)

 

Un peu trop de ciel quand même… Là où la terre et les hommes suffiraient peut-être…
Premier long métrage d'un jeune réalisateur qui témoigne d'une maîtrise très étonnante, ce film repose sur un récit surprenant, abordant une thématique rare au cinéma, l'opposition entre le rationnel et ce qu'on pourrait appeler le divin. Quoique. Divin n'est sans doute pas exactement le bon terme. Inexpliqué serait plus adéquat.
L'attente, l'angoisse qui monte face aux disparitions mystérieuses des soldats, les pertes de repères… tout cela est bien rendu, le réel bascule dans la peur, ce pourrait être un film d'horreur d'un genre pas si nouveau, du type "projet Blair Witch", où la menace n'est jamais identifiée, avec ici, en plus et c'est pas du luxe, un parti-pris esthétique, avec un travail sur la lumière, une image parfois très nette, et parfois nocturne et impalpable, à la limite de l'onirisme et de l'abstraction.
Et puis, un personnage vient donner une explication, religieuse. C'est un enfant, et il faut bien dire que son visage et la tension qu'il met dans ses interventions lui donnent une grande importance. Face à ses affirmations sans équivoque, il n'y a que le scepticisme des soldats, bientôt rejoints par leurs propres ennemis (étonnantes scènes des soldats français pactisant -ou presque- avec les combattants talibans, unis dans un désarroi et une incompréhension face à ce qui ne peut être expliqué). Et malheureusement, le point de vue du cinéaste penche clairement vers l'irrationalité, vers une sorte d'intervention divine.
Déjà que depuis le début, il faut se farcir l'ambiance virile soldatesque (mais qu'est-ce que ça peut être con, un militaire… et en groupe, c'est encore pire), lorsque le religieux prend le pas, il y a de quoi vomir (au risque de me faire honnir, un croyant peut être encore plus con qu'un militaire…). Même s'ils s'opposent (il ne manquerait plus que ça, tiens, qu'ils s'allient), l'armée et le spirituel prennent toute la place et la folie qui s'empare des personnages à la toute fin est plutôt bienvenue, mais beaucoup trop tardive. Les mécréants anti-militaristes ont largement eu le temps de décrocher…

Vos commentaires pour ce film

Aux confins de l’Afghanistan, un capitaine et ses soldats guettent l’ennemi.
Ce « Désert des Tartares » navigue entre le visible et l’« invisible » en passant par l’infra rouge.
C’est beau, c’est fort, c’est très bien joué.
Ce premier film de Clément Cogitore est une vraie réussite, passé malheureusement trop inaperçu.

Kosmo, le 20 octobre 2015

 

Décousu car écrit trop longtemps après le film mais juste pour tenter de le défendre un peu ici car pour moi l’un des plus beaux films de l’année.
D’abord, Al1, un film avec une scène de danse/transe réussie ne peut être que bien ;). Ensuite :
Formellement, c’est l’art de faire disparaître des personnages sans trucage, par la mise en scène, d’une façon si simple et évidente qu’il est même étonnant d’entendre des spectateurs en être bluffés (c’est brillant mais en aucun cas mystérieux). Peut être eux aussi ont-ils envie de croire ? En appeler à cette foi vitale du spectateur dans la magie du cinéma ; montrer à quelqu’un qui « croit » sans même s’en apercevoir au cinéma, des personnages qui refusent de croire et que l’on soutient dans ce refus –pour la majorité d’entre nous- c’est déjà une boucle magnifique.
De croire en quoi ? On les comprend de refuser de croire, nous aussi, en général, on ne croit plus ni en les religions ni en les extras terrestres depuis le flop de l’affaire Roswell… Le film ne répond pas et nous laisse à hauteur d’homme, d’un homme qui veut croire que ses compagnons seront dans cette grotte parce qu’il les y a vus en rêve, parce qu’ils l’ont vu en rêve avant de disparaître. Pour moi on parle plus ici de métaphysique et de foi personnelle – ou plutôt de doutes personnels -, du sens du mystère, des mystères et des récits, que de religion bêtement appliquée. Et puis ces hommes ont-ils disparu ou sont-ils tout simplement invisibles, comme ces talibans camouflés avant qu’ils ne bougent ? Encore une fois si on ne veut croire qu’à l’image…Le récit de l’enfant, dans sa beauté, nous rappelle qu’avant d’être un amalgame de préceptes et principes, une religion c’est avant tout une masse de récits magnifiques. Doit-on jeter toute la peinture classique parce que la crucifixion, parce que la mort de la vierge, parce que Saint Sébastien, parce que Léda et le cygne, Samson et Dalila … ?
Enfin pour le côté militariste, ces disparitions sont aussi symboliquement des désertions de simples humains devant la machine de guerre, même cette guerre d’occupation sans combat aussi violente psychiquement puisque les plaçant tout de même dans le rôle de l’envahisseur.
Quand à Jérémie Renier dans ce film… Moi je veux bien croire à tout alors ! Mais c’est pas comme ça que je convaincrait Al1 j’imagine ...


Magali J, le 10 novembre 2015

 

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