Il y a quelques années,
sortait sur les écrans le spectaculaire mais pas très
fin "The Island", montrant un centre d’élevage
d’humains destinés au don d’organes. C’était
un film de science-fiction, avec énormément d’action
et la présence très décorative de Ewan McGregor
et de Scarlett Johansson. Ici, le thème des donneurs humains,
porteur de nombreux fantasmes, est à nouveau exploité,
sans le contexte futuriste puisque l’action se situe à
la fin du 20ème siècle (on est censé imaginer
que la science a pris un tournant décisif dans les années
50…), et sans aucune violence, sans visions de laboratoires
super modernes, mais avec toujours des stars (ou futures stars) très
agréables à regarder. Ce sont en effet les jeunes Carey
Mulligan, Andrew Garfield et Keira Knightley qui s’y collent,
participant au cliché voulant que ceux qui ont été
créés pour servir de réservoir d’organes,
sont obligatoirement des canons de beauté. Dans le récit,
le suspense concernant leur statut ne tient pas même un quart
du film, là n’est pas réellement le sujet. Ce
sont leurs amours qui sont au centre et on a parfois l’impression
d’assister à la chronique presque banale de la relation
sentimentale liant les trois personnages. Ce qui est étonnant,
c’est leur acceptation sans révolte de leur destin. Ils
savent qu’ils "termineront" (leur vie) après
trois ou quatre dons, mais jamais ils ne pensent à s’enfuir,
à remettre en cause le système… Cela fait du film
une étrange complainte de la résignation, parfois agaçante
(les voix douces, l’aspect irréel, la musique redondante
par rapport aux images), parfois poétique et fascinante…