Nés en 68

Olivier Ducastel, Jacques Martineau

L'histoire

1968. Catherine, Yves et Hervé ont vingt ans, sont étudiants à Paris et s'aiment. La révolte du mois de mai bouleverse leur existence. Gagnés par l'utopie communautaire, ils partent avec quelques amis s'installer dans une ferme abandonnée du Lot...

Avec

Laetitia Casta, Yannick Renier, Yann Tregouët, Sabrina Seyvecou, Christine Citti, Marc Citti, Théo Frilet

Sorti

le 21 mai 2008

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Nostalgie sans inventivité

 

 

Comment raconter quarante ans d’histoire intime d’une poignée de personnages, en brassant engagement politique, phénomènes de société, étude sociale, rapports amoureux et familiaux ? L’Italien Marco Tullio Giordana, avec "Nos meilleures années", avait réussi ce prodige, et avait passionné des millions de ses compatriotes. Il est fort peu probable que ce film ait le même succès. Bien sûr, il y a beaucoup de très belles scènes, qui jouent sur la nostalgie et le pathos, mais l’interprétation est inégale, parfois même à la limite du très mal joué ! Heureusement, Laetitia Casta tient son rôle jusqu’au bout, crédible à tous les âges, étonnante. La mise en scène souffre d’un manque flagrant de créativité et de poésie. On pourrait mettre cette absence d’inventivité sur le compte de la production télévisuelle, mais "Nos meilleures années" avait été produit par la RAI, et le film était infiniment supérieur.
On ne peut quand même pas nier l’émotion, croissante au fur et à mesure de l’avancée du récit, reposant sur ce qui fait en même temps la force et la faiblesse de l’ensemble : les clichés, le schématisme des personnages et des situations : tout est à peu près prévisible, de la déchéance de la communauté à la séropositivité de l’homosexuel en passant par le combat pour l’avortement, les cris de joie du 10 mai 1981… Il n’y a pas de surprises, pas de contre-pieds, mais retrouver ces événements (ou les découvrir, c’est selon) est évidemment une source de nostalgie et de plaisir.
On pourra regretter le manque d’ambition de la mise en scène, pointer un bon nombre d’erreurs et d’anachronismes légers, être exaspéré par le jeu catastrophique de certains (mais où ont-ils trouvé celui qui joue le mari de Ludmilla ? C’est une catastrophe, d’autant plus que Sabrina Seyvecou dans le rôle de sa femme (Ludmilla, donc) (…) est plutôt juste et pleine de nuances…), ou bien être indulgent et se laisser emporter par les presque trois heures qui finalement passent trop vite et s’achèvent sur la très belle scène de la Bastille, où l’on se rend compte qu’un léger onirisme avait largement sa place dans ce film trop sage.

 

 

 

Vos commentaires

Je viens de voir sur ARTE la version TV de"Nés en 68". De 21h00 à minuit et demie, deux tranches de vie de 20 ans avec une Laetitia Casta étonnante, juste et si humaine. Son personnage (Catherine) est un hymne à la sensualité, à l'ouverture d'esprit et à l'ouverture aux autres. Cette saga familliale et amicale dure 2 fois 2 heures, elle est pour moi sans longueur. Le film évite les lieux communs. La vie en communauté n'y est pas idyllique. Le personnage du réfugié iranien ne nous entraîne pas dans une caricature du style "Jamais sans ma fille". L'ami extrémiste de gauche, tendance terroriste, n'est ni glorifié, ni condamné, juste traité du point de vue humain, avec ses convictions et ses erreurs.
J'ai dégusté cette histoire et je la recommande, comme j'ai savouré cet été le roman d'Anna Gavalda "La consolante", dont les deux personnages féminins principaux (Anouk et Kate) peuvent sembler très proches du personnage de Catherine. Le roman court aussi des années 60 à nos jours. L'amour, le sexe, les enfants, la famille, les générations, le partage, les conflits et le sens de la vie restent les bons ingrédients pour réaliser de bons film et publier de bons romans lorsqu'ils sont traités avec cette dose de plaisir et de légereté.

Isabelle E-C, le 26 octobre 2008

 

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