Ah, si vous connaissiez Nénette…
ce n’est pas une jeune actrice pleine d’avenir, c’est
une femelle orang-outan qui vit à la ménagerie du jardin
des plantes depuis bientôt quarante ans. Et les orangs-outans
sont des singes formidables, dotés d’un regard plutôt
émouvant, aux mimiques presque humaines, à la nonchalance
charmeuse. Qui n’a pas vu d’orang-outan dans sa vie reste
ignorant d’une partie étonnante du règne animal.
Certains (dont je fais partie) sont capables de prendre un ticket
d’entrée à la ménagerie du jardin des plantes
pour simplement passer une petite demi-heure d’observation fascinée
face à la vitre qui sépare les orangs-outans de leurs
visiteurs humains. Nicolas Philibert, celui de "Etre et avoir"
et de "la ville Louvre", a planté ses caméras
devant cette vitre, et laissé traîner ses micros au sein
du public et des employés de la ménagerie. L’idée
est attirante, et on s’attend à être surpris, ému,
amusé…
Mais les choix visuels radicaux peuvent lasser. En effet, on ne voit
à aucun moment les visiteurs ou les soigneurs. On les entend,
mais ils restent invisibles, si ce n’est parfois un vague reflet
dans la vitre. Pendant un peu plus d’une heure, on voit Nénette
et quelques uns de ses congénères se balader (un peu)
dans leur cage et s’ennuyer (beaucoup). La caméra ne
traverse jamais la vitre, les images ne sont donc pas d’une
très grande qualité.
Du coup, les commentaires des humains, si intéressants soient-ils,
peinent à s’imposer, à prendre de la hauteur.
On aimerait voir les regards émerveillés, interrogateurs,
décontenancés ou empathiques. Au lieu de cela, les images
répétitives des orangs-outans finissent par faire naître
l’ennui, parfois profond…