Nebraska *

Alexander Payne

L'histoire

Un vieil homme, persuadé qu’il a gagné le gros lot à un improbable tirage au sort par correspondance, cherche à rejoindre le Nebraska pour y recevoir son gain, à pied puisqu'il ne peut plus conduire. Un de ses deux fils se décide finalement à emmener son père en voiture chercher ce chèque auquel personne ne croit.

Avec

Bruce Dern, Will Forte, June Squibb, Bob Odenkirk

Sorti

le 2 avril 2014


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Mourir, la belle affaire, mais vieillir…

 

Comédie ? "Feel-good movie" ? Petit film qui rend heureux ? La promotion et les critiques sont unanimes et vont presque toutes dans le même sens, le dernier film d'Alexander Payne ferait un bien fou…
Désolé, ça n'est pas tout à fait ça. Si l'issue, pas exactement attendue, en tous cas pas de cette façon-là précisément, est effectivement émouvante et parvient à allier un humour décapant et une certaine idée du bonheur, même éphémère, l'ensemble du film, sur la vieillesse et ses ravages, ne donne pas beaucoup d'espoirs sur la fin de vie. Sur ce plan-là, c'est une vraie réussite. Le portrait d'un vieil homme qui ne comprend plus le monde qui l'entoure, qui décline à vue d'œil, qui ne parvient plus à communiquer, ce portrait-là est formidablement juste, et terrible. Ses deux fils et sa femme encore alerte (au moins par la parole, une vraie langue de vipère) l'observent, atterrés et désemparés, se rapprocher de la mort, perdant ses repères, finissant par tourner en rond avec quelques pauvres obsessions.
Par ailleurs, on peut dire de l'univers familial et social décrit ici qu'il est typiquement américain, il n'est pas seulement cela, il a malheureusement quelque chose d'universel (au moins dans les sociétés occidentales), avec le repli sur soi, les familles plus enfer qu'abri protecteur, la crise économique rampante qui abrutit les gens. On peut s'esclaffer devant une assemblée pitoyable face à la sainte-télé (image saisissante), on peut aussi en pleurer et hurler de terreur.
Au bout du compte, c'est bien le manque de communication entre les gens, au sein d'une même famille, ou parmi ceux qui se disent amis, qui fait le plus peur. Comédie peut-être, mais d'une amertume qui pèse lourdement. Tous les acteurs sont à l'unisson de cette pesanteur, Bruce Dern en premier, formidable en vieil homme au bout du rouleau. Il n'a pas volé son prix d'interprétation à Cannes…

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