La publicité est mensongère…
elle parle d’un "tourbillon permanent d’aventures
et de mésaventures, de coïncidences et de révélations,
de sentiments et de passions violentes, de vengeances, d’amours
contrariées et illégitimes dans un voyage mouvementé
à travers le Portugal, la France, l’Italie et le Brésil…"
On s’imagine dans un véritable feuilleton fantastique,
plein de bruit et de fureur, avec des personnages rivalisant d’audace
et d’actions héroïques, traversant des pays en tous
sens, et puis la lumière si particulière de Lisbonne,
un menu bien alléchant…
Mais les aventures et l’action se concentrent sur deux scènes,
une embuscade basique en forêt, avec une vingtaine de figurants
tout au plus (pour relater un fait d’armes de la campagne napoléonienne,
c’est tout de même bien léger), et un duel au fleuret
parfaitement ridicule (il donne l’impression d’un cours
d’escrime pour débutants…). Ah si, j’oubliais,
il y a un incendie : filmé de loin en plan fixe, on ne voit
pas une seule flamme, seulement des lueurs orangées et un homme
en extrait une femme dans une robe blanche immaculée, sans
une seule trace de brûlure. On n’est donc pas dans l’aventure,
mais dans une espèce d’imagerie cheap qui est censée
donner l’impression d’un tourbillon, mais tout cela n’est
que du théâtre, pardon du cinéma, c’est
pour de faux… La plupart des scènes se passent dans des
salons, des boudoirs, des chambres (non, pas de scène d’amour,
aucune sensualité, désolé), quelques jardins…
et en guise de voyage, un château pas terrible pour représenter
la France, la chambre d’une auberge qui fleure bon le studio
pour montrer (mais quoi ? on ne voit rien !) Venise, et pour le Brésil,
c’est de la mythomanie pure (un personnage dit y être
allé, et rien d'autre). Quand à Lisbonne, quelques azulejos,
un palais minable et c’est tout…
Quatre heures trente de dialogues qui renvoient régulièrement
à d’autres dialogues ayant eu lieu des années
auparavant (…si tu savais, je vais te raconter pourquoi la marquise
de bidule-chose veut se venger, mais avant il faut que tu comprennes
de qui tu es le fils…), c’est un peu long. Voire même
très long. On peut aller, ne chipotons pas, jusqu’au
démesurément long. On se demande ce qu’ont pu
faire les spectateurs à Monsieur Raoul Ruiz pour qu’il
leur inflige une telle épreuve… et ce n’est que
la promesse de voir la pimpante Léa Seydoux au bout de trois
heures de film qu’on tient sur son siège jusqu’au
bout. Pourtant, le récit couché sur le papier devait
avoir belle allure, avec effectivement pas mal de rebondissements,
de sentiments exacerbés, de révélations…
mais tout est plat, sans saveur, sans contrastes. On apprend ensuite
que l’ensemble est destiné à la télévision,
tronçonné en épisodes. Ça ne fait que
confirmer ma conviction : le bonheur n’est pas dans le petit
écran…