Le Mystère Henri Pick

Un jour, Luchini regardera sa filmographie et se dira qu’il a peut-être loupé quelque chose. Des bons films, il y en a, des mauvais aussi, quelques uns sont un peu étranges, un peu drôles, un peu excitants... mais un vrai grand film, puissant, dévastateur, qui retourne le spectateur comme une crêpe, aucun. Peut-être monsieur Luchini a peur de se laisser faire par un réalisateur qui le transformerait, qui lui ferait enfin jouer autre chose qu’un type au verbe haut, au charme spirituel, jouant l’ambiguïté sans jamais faire peur. Je rêve d’un Luchini dans un rôle de tueur froid, à la parole rare, sans sourire, se déplaçant comme une ombre...
Dans ce pseudo mystère, Henri Pick est un leurre, et puis de toutes façons, on comprend assez rapidement qui peut bien avoir écrit ce bouquin qui se vend comme des petits pains, on s’en moque un peu, d’Henri Pick... l’intérêt se porte sur Luchini et sur Camille Cottin et sur le duo qu’ils forment, mi-adversaires, mi-complices. L’ensemble est tout de même assez fade, avec quelques clichés bretons (la pluie, le soleil, les crêpes...), Luchini à nouveau sur un vélo comme lorsqu’il faisait l’Alceste, une petite enquête provinciale loin, très loin de Chabrol et de ses noirceurs, et une résolution de l’affaire bien plan-plan. Pas de quoi s’indigner, pas de quoi s’extasier (à part, peut-être, les yeux de Camille Cottin). Un tout petit film pour la télé un dimanche soir.