Voici un joyeux délire,
une comédie qui parle des névroses américaines
mais traversée par un humour anglais assez renversant, réalisée
par un français dont personne n'a jamais entendu parler,
ou presque (il a tourné quelques publicités plutôt
spectaculaires). Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître.
Hommage à Kubrick, récit halluciné, personnages
un peu irréels qu'on dirait sortis d'un film d'animation
fabriqué sous acide… Partant d'une idée à
moitié absurde (mais seulement à moitié, les
théories de complot sur un vrai-faux alunissage d'Apollo
11 sont assez nombreuses…) et jouant avec les peurs typiques
des Américains, le film navigue entre un aspect très
spectaculaire et un bricolage digne des frères Lumière.
L'histoire elle-même se perd un peu en route, surtout lorsque
le tournage du faux alunissage doit aussi passer pour un opéra-rock,
mais c'est l'occasion de basculer dans une sorte de folie furieuse,
complètement illuminée, qui permet de se faire côtoyer
des visions psychédéliques poussées au maximum
et de la violence extrême, tellement extrême qu'elle
en devient hilarante.
C'est un peu comme si un créateur des années 70 avait
pu tourner avec les moyens d'aujourd'hui. On y sent une grande liberté,
un affranchissement des codes de narration et une négation
du politiquement correct, avec une apologie pas si discrète
que ça des drogues diverses et variées, pétards,
champignons et acides. C'est plein de couleurs, d'explosions, de
pétages de plombs et d'éclats de rire. La scène
où deux allumés en scaphandre essayent de faire croire,
avec tout le sérieux dont ils sont capables, qu'ils sont
sur la Lune, sous les yeux de quelques responsables atterrés,
effarés, désespérés, est un régal.
Et pour peu que vous soyez dans une salle de cinéma où
les rires partent en cascade, vous aurez bien du mal à résister
à l'hilarité générale…
Antoine Bardou-Jacquet, s'il confirme par la suite, entre de plein
pied dans le cercle des cinéastes fous, aux côtés
des frères Coen, de Michel Gondry ou de Wes Anderson.