Ah, enfin une histoire "pas
vraie" ! Les Adelman sont des personnages purement fictionnels,
et c'est déjà ça. Cela permet toute liberté,
y compris de s'inspirer de quelques aspects de la vie de plusieurs
personnes de la vie réelle. Le scénario réserve
des surprises, tout n'est pas attendu, il y a même des passages
très piquants, presque dérangeants. Le couple imaginé
par Bedos et Doria Tillier n'a absolument rien de conventionnel,
se vautre avec délectation dans le très incorrect
(politiquement, socialement, moralement) en particulier pour ce
qui concerne leur fils handicapé… Cette liberté
de ton dans le scénario fait du bien, elle n'est finalement
pas si courante.
La mise en forme du récit (peut-on vraiment parler de mise
en scène ?) est en revanche assez fatigante, survitaminée,
avec une totale absence de variations dans le sens où il
n'y a pas de rupture, pas de passages lents, tout va à cent
à l'heure et (presque) tout est montré pour que les
scènes fassent rire (ce qu'elles ne font pas toujours). Aucune
douceur là-dedans, aucun vide, pas de creux, rien que des
bosses qui s'empilent les unes sur les autres. Même lorsque
l'existence des personnages est un peu morose, la façon de
raconter reste dans une surexcitation colorée. Les deux acteurs
principaux, également scénaristes et réalisateurs
(on se doute que Doria Tillier a mis son grain de sel dans toute
la fabrication du film), ont du bagout, du charme, de la présence,
mais ils laissent l'impression d'une interprétation de surface.
Ce sont des amuseurs certes talentueux, mais pas tout à fait
comédiens. Ils s'amusent donc, amusent le public mais n'incarnent
jamais vraiment des personnages.