Monos

Alejandro Landes

L'histoire

Dans ce qui ressemble à un camp de vacances isolé au sommet des montagnes colombiennes, des adolescents, tous armés, sont en réalité chargés de veiller à ce que Doctora, une otage américaine, reste en vie. Mais quand ils tuent accidentellement la vache prêtée par les paysans du coin, et que l'armée régulière se rapproche, l'heure n'est plus au jeu mais à la fuite dans la jungle...

Avec

Julianne Nicholson, Moises Arias, Sofia Buenaventura, Julian Giraldo, Karen Quintero, Laura Castrillon, Deibi Rueda, Paul Cubides, Sneider Castro, Wilson Salazar

Sorti

le 4 mars 2020


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Escalade éreintante

 

C'est un cinéma drôlement singulier, aussi étrange et parfois hypnotique dans sa forme que dérangeant et inattendu dans le fond. Alors, un film séduisant ? pas exactement…
Un groupe d'adolescents comme une métaphore de l'Humanité, à qui on a donné une mission sans doute trop importante pour eux, libres d'une certaine manière mais aussi complètement enfermés dans un système de relations d'autorité, passant très vite d'une attitude presque enfantine à une grande dureté, violents puis tendres, beaux comme des dieux puis hideux à faire frémir… Les personnages viennent de nulle part, aucun indice ne vient éclairer le spectateur sur ce qu'ils défendent, d'où ils viennent et pourquoi ils sont là, eux, et pas d'autres. De ce fait, les situations ont un aspect très abstrait, et plus le récit avance, plus cette impression domine. Seule l'otage américaine a une existence, avec un passé et un avenir possible. Les autres sont des concepts, des morceaux de chair lâchés dans la nature et dans le film, et qui d'une scène à l'autre ne peuvent que surprendre puisqu'ils sont imprévisibles. La mise en scène s'y intéresse d'ailleurs assez peu, concentrée sur un seul objectif, faire de l'image forte avec des évènements choquants et nimbée d'une musique hyper contrastée. Tout cela est au final plutôt redondant. L'histoire part en vrille, la forme accompagne cette escalade scénaristique en la surlignant, de nombreuses scènes sont éprouvantes pour les yeux et les oreilles. On quitte ces Monos complètement sonné, éreinté, pas fâché que cela se termine.

 

Vos commentaires pour ce film

 

Un drôle de coup de poing ce film.
Quelques adolescents dans les forêts colombiennes, formés comme des soldats, armés et chargés de garder une otage américaine. Seuls. On n’en sait pas beaucoup plus. Ça fait penser au FARC. Mais ce n’est pas un documentaire. Il n’y a pas de référence à une idéologie particulière. Ils sont l’emblème d’un chaos révolutionnaire indéterminé. Pas réel mais réaliste. Le réalisateur ne cherche pas à démontrer quoi que ce soit sur ce terrain-là. Enfin, me semble-t-il.
Ces adolescents sont encore des enfants mais déjà des adultes ; ils peuvent être facétieux et totalement effrayants. Tendres et violents. Ils sont sommés de respecter une discipline militaire mais sont traversés par des impulsions animales ; ils sont dans des injonctions contradictoires permanentes, de liberté et de soumission, de survie. Ils sont une vision de l’humanité. Cette facette là du film est passionnante mais terriblement dérangeante, déroutante. On suit leur évolution sans référence, la bouche entrouverte.
La forme du film, sa réalisation aussi, nous emmènent loin. Les images sont de plus en plus irréelles, alors même que le récit devient de plus en plus tragique. Il y a un côté onirique totalement en décalage avec le propos. Paradoxalement, ça le rend encore plus fort, plus implacable.
Plusieurs jours après, des images fortes ne me quittent pas. Bien secoué.


Thierry D. le 16 mars 2020

 

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