Benjamin Lavernhe est vraiment 
              formidable de drôlerie, d'énergie, d'inventivité. 
              Mais il joue juste le pote du héros. Un second rôle. 
              Quand il est à l'écran, il semble que tout va plus 
              vite, il est toujours en avance sur tous les autres. Les autres, 
              ce sont surtout François Civil, pas mal mais très 
              prévisible et Joséphine Japy, très décorative 
              mais sans beaucoup de caractère. Le scénario joue 
              la carte du fantastique vaguement poétique qui s'invite dans 
              un quotidien contemporain, en cherchant, vite fait, sans y croire, 
              une explication scientifique à cette glissade temporelle, 
              type Eternal Sunshine of the Spotless Mind, ou bien Un 
              jour sans fin (et d'ailleurs le personnage principal s'appelle 
              Ramisse, comme Ramis dans Un jour sans fin). 
              Hugo Gélin compose avec cette idée mi-charmante, mi-déjà-vue 
              (dans Jean-Philippe, 
              où un dénommé Jean-Philippe Smet n'est jamais 
              devenu, dans un univers parallèle, Johnny Hallyday, et c'est 
              pas dommage – Oups, pardon pour les fans ), un petit film 
              sans saveur, qui démarre comme une comédie romantique 
              pour collégiens, vire ensuite à la désillusion 
              déclinée en un raccourci gonflé aux clichés 
              et s'étale paresseusement mais avec, tout de même, 
              une certaine élégance, dans le récit d'une 
              reconquête cousue de fil blanc. Parfois, Benjamin Lavernhe 
              squatte une scène, et c'est un petit bonheur (la scène 
              du téléphone, discret hommage au Dîner de 
              cons, ou bien son numéro de bourgeois en petit pull 
              cachemire lilas, impayable), on rêve au film où il 
              pourrait rencontrer Sandrine Kiberlain, ou bien Laetitia Dosch. 
              Mais avec un scénario, un vrai.