Ah, le joli film… Pas seulement
joli, d'ailleurs. Dur, parfois. Réaliste, puis pas du tout,
fauché comme ses personnages, et finalement doux, tendre,
poétique, lumineux malgré tout. Le récit est
brinquebalant, un peu foutraque, il s'amuse avec la chronologie
et les ellipses, il est presque entièrement centré
sur un jeune homme, romancier en herbe qui tombe raide dingue amoureux
d'une jeune étudiante dont on aimerait suivre, parfois, son
parcours, ses pensées, son errance. Mais la vision du réalisateur
est aussi celle de son personnage principal, il ne fait pas semblant
de multiplier les points de vue. Labidi regarde Elisa comme si elle
était une étoile ou une fée, et nous aussi,
du coup. Les autres personnages, les parents de Labidi, son meilleur
pote, la gérante du magasin de lunettes qui l'emploie, font
quelques apparitions, ils sont un peu sacrifiés mais toutes
leurs scènes sont réjouissantes, drôles ou émouvantes
ou les deux (oh, le pote qui se met à danser… oh, le
vieux couple dans le café…).
Il y a un vrai style, une patte, une manière de mettre en
scène et de monter les différentes séquences
qui a quelque chose à voir avec la vieille nouvelle vague,
mais pas seulement. C'est d'une modernité intemporelle qui
touche même le vieux machin que je suis, alors qu'il parle
des amours de quelques uns qui pourraient être mes propres
enfants. On pense à Klapisch ou à Noémie Lvovsky
pour ce qui est du propos, mais avec une image beaucoup moins propre,
qui épouse souvent le ressenti des personnages, qui nous
les rend de plus en plus proches. Un petit film en apparence, un
vrai coup de cœur.