Les cours d'école au cinéma,
c'est souvent aseptisé, vues de haut, avec des enfants qui
se déplacent gentiment sans crier ou presque… La réalité
est tout autre. Et dans Un monde, on y est, en plein dedans.
Filmé à hauteur d'enfant (on ne voit les adultes que
lorsqu'ils se penchent), avec le bruit, l'agressivité, les
télescopages, et puis tout ce qui s'y passe et que seuls
les petits peuvent voir, ressentir, vivre sans soucis ou avec une
grande angoisse selon ce qu'ils sont. Car les enfants, ce sont des
personnes, ils ne perçoivent pas les choses tous de la même
façon.
La petite fille qui débarque dans cette cour, c'est comme
un oisillon tombé trop tôt du nid, une mini souris
dans la jungle… Doucement elle va prendre ses marques, se
faire des copines, apprendre à vivre dans sa bulle. Mais
cela ne l'empêche pas de voir son frère se faire harceler
par d'autres. Un harcèlement violent, comme il arrive parfois
(la plupart sont plus insidieux, moins directs, ils ne font pas
moins mal). Le film raconte cela, le point de vue de Nora, la petite
fille, et ce récit peut vous terrasser. Aucune concession,
c'est cru, éprouvant, pas du tout divertissant. Mais c'est
du cinéma. On peut en sortir, en tant que parent, avec l'envie
de faire l'école à la maison. Il existe d'autres réalités,
d'autres cours moins anxiogènes, d'autres enfants plus à
l'aise avec la proximité de leurs camarades, mais le film
a le mérite de montrer le quotidien de ces élèves
traumatisés par la communauté. Un monde, une petite
société, un enfer, malgré les dernières
secondes qui font penser qu'une autre façon de vivre cela
est possible.