Adapté d'un livre de Doris
Lessing, ce film a au moins le mérite d'inciter à
s'intéresser à l'œuvre de la romancière.
L'histoire en effet est passionnante, remet en cause ce qui peut
sembler inattaquable, montre qu'au travers d'une attitude pleine
d'humanité en apparence, il peut y avoir tous les germes
de l'exclusion, ici plus sociale qu'autre chose. Il y a une façon
formidablement pertinente de semer dans le récit quelques
détails, quelques dérapages verbaux (la petite crème
caramel…) qui pourraient être à l'origine du
malaise de la jeune femme mais qui, au final, se révèlent
bien moins dommageables que la succession des actions généreuses,
empreintes de bons sentiments, pleines d'intelligence de la part
de la famille aisée, intellectuelle, bien pensante et bien
agissante… Rien n'est simple dans ce récit, et c'est
tant mieux.
Mais Civeyrac se prend pour Bresson et demande à certains
de ses interprètes (pas tous, c'est peut-être ça
le plus gênant) de ne pas jouer, de rester atone… Ils
le font sans le faire vraiment, et cela devient rapidement insupportable,
en particulier la voix off, d'un ennui incommensurable. C'est un
parti pris, mais pas tenu, et là où les films de Bresson
impressionnaient par leur hiératisme et leur rigueur, celui-ci
se perd en route entre les gesticulations de Pascal Greggory (mais
qui paraîtraient tout à fait légitimes dans
n'importe quelle autre mise en scène) et la transparence
du jeu de Guslagie Malanda, l'actrice principale...