Mommy **

Xavier Dolan

L'histoire

Une veuve mono-parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent TDAH impulsif et violent. Au coeur de leurs emportements et difficultés, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue de l’énigmatique voisine d’en face, Kyla.

Avec

Antoine-Olivier Pilon, Anne Dorval, Suzanne Clément

Sorti

le 8 octobre 2014


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Flamboyance de l'intime

 

Le cinéma, ça n'est pas que des espions qui s'entretuent, ou des monstres qui envahissent la Terre, ou même à l'opposé des intellos qui ergotent sur leurs agacements égocentriques en fumant dans des intérieurs joliment filmés. Le cinéma, c'est aussi se prendre des claques, des pavés dans la tronche, en sortir sonné, marcher l'air un peu hébété, se dire que la vie continue, tout de même, après un tel déluge de talent qui transpire de l'écran et une telle somme de sensations, émotions, émerveillements ou agacements, juste parce que pendant deux heures et un peu plus, on s'est enfermé dans une salle avec un écran sur un mur.
Dolan est un surdoué de son art, on l'a déjà tellement dit que ça en devient un lieu commun. C'est un styliste, un artiste de la lumière, un expert du tempo (il est aux manettes du montage de chacun de ses films), un poète de la vulgarité, un observateur fou de nos angoisses et de nos joies à propos des relations humaines, qu'elles soient familiales ou amoureuses.
Certes, à l'issue la projection, les mêmes remarques peuvent revenir : de même que lors de ces précédentes œuvres, le trop plein de perfection formelle et le style tellement affirmé empêchent parfois de se laisser aller à ses propres émotions, en tant que spectateur. On peut aussi se dire qu'il fait, au final, toujours un peu le même film. Mais n'est-ce pas ce que font tous les plus grands réalisateurs, les vrais créateurs du septième art ?
Centré sur un trio de personnages, le récit explore les relations exacerbées entre une mère et son fils, relations éclairées par l'intervention de la voisine qui apporte un peu de douceur et d'apaisement. Peut-on s'y retrouver, s'identifier à l'un ou l'autre de ces trois personnages ? Peut-on y voir une exorcisation du propre vécu du réalisateur ? Ces questions qui pourraient être formidablement prégnantes à la sortie d'un autre film, sont ici superflues tant la façon de présenter l'histoire puis de la dérouler rend celle-ci complètement essentielle. C'est à la fois flamboyant et intime, lumineux et terriblement sombre, parfois drôle à pleurer puis complètement désespéré, et d'une beauté hallucinante. Rien ne ressemble à un film de Dolan. Ah, si, un autre film de Dolan. Le prochain, peut-être.

Vos commentaires pour ce film

Bouleversant, ce film est tour à tour agaçant, émouvant, profondément désespérant et extrêmement lumineux.
Plein d'énergie, d'amour, cela faisait longtemps que je n'avais pas été aussi chamboulée par un film.
L'histoire est très dure, les trois personnages principaux sont très justes et touchants.
La saison est propice aux bons films mais celui-ci est excellent.


Isabelle EC, le 11 octobre 2014


Aye, aye, je n'ai pas supporté ces deux personnages hystériques, le fils autant que la mère. Les sous-titres nous apportent une seconde lecture, ce n'est pas le même texte. C'est doublement pénible. Heureusement que le 3e personnage est là, ça permet de se calmer. Et tout ça englué dans un flot de chansons sans intérêts. Pas à dire j'ai préféré "Tom à la ferme".

Kosmo, le 3 novembre 2014


poids lourd pour les émotions !
comment ne pas être terrassé par ce film ?
d 'accord les sous-titres sont un peu gênants mais comment faire sans eux ?
je n'ai pas vu d'hystérie, seulement des êtres humains qui font ce qu'ils peuvent : les cris font partie de la vie.
c'est tellement à part que c'est un peu bête de dire que c'est le meilleur film de l'année et pourtant ça l'est.

lothaire, le 14 novembre 2014

 

A la faveur du festival Telerama BNP Paribas, face à l'enthousiasme général, ou presque, de mes proches, je suis allée voir Mommy.
Belle lumière, belles couleurs, beau cadre, beaux costumes, bons sous-titres, bons cadres, bons travellings (on les voit vraiment très bien et on a le temps de s'interroger sur la technique ...) belles musiques, bons acteurs, beaux paysages, belle tension ... Grosse maîtrise. Ni vain, ni bavard. Un cinéma qui n'est pas un robinet d'eau tiède. Je pourrais dire : contrairement aux derniers films que j'ai vus. Quelque chose de bien en quelque sorte. Mais d'où vient alors que j'ai eu le temps de tout voir venir ? L'excellence du cadre carré qui nous met bien les acteurs au centre de l'affaire; Céline Dion si populaire ; La densité simiesque de l'acteur; le poids de ses absences auditives; le dernier plan tellement téléphoné ... Une sorte de cinéma brut, comme il y a de l'art brut, cet art plastique sans académisme, fait par les fous, les autodidactes. Un art nécessaire à son auteur, d'une grande perfection, avec un air de déjà-vu.
Une proche, très au fait de ce genre d'histoires, du genre professionnelle, m'a assuré de la véracité de la situation. Ça se tient.


Agnès L le 24 janvier 2015

 

Envoyez votre commentaire