Chronique familiale désenchantée,
issue des souvenirs recomposés du réalisateur, Minari
a tout pour séduire un spectateur avide de grands espaces,
de ruralité, de nostalgie… Le couple coréen
qui vient s'installer dans un mobil home au milieu d'un grand pré
au cœur d'une Amérique Reaganienne, cela peut être
aussi n'importe quel autre couple qui tente de tout recommencer,
c'est universel. Les obstacles, les galères, les voisins
étranges, les craintes de ne pas y arriver, de tout faire
rater, d'être obligé d'avouer son échec, cela
peut arriver à tout le monde, dans l'Arkensas ou à
l'autre bout du monde. La beauté des fleurs des champs, le
sourire d'un enfant, les pitreries d'une vieille dame, une amitié
improbable, c'est source d'espoir dans les années 80 comme
maintenant.
D'où vient alors ce léger ennui à suivre cette
chronique ? Peut-être que le récit est trop attendu,
avec ses étapes obligées, les réactions hostiles
aux évènements comme les acceptations qui les suivent,
le soleil après la pluie, et la pluie après le soleil…
Peut-être qu'à force de chercher l'universalité,
l'identité se perd et l'ensemble finit par ressembler à
un plat international, plein de bonnes choses mais sans saveurs,
ni américain, ni coréen, juste mondial, où
se mêlent religion, résilience, tolérance, résistance
et autres concepts inattaquables.