Les métamorphoses, d'Ovide,
c'est un sacré pavé. Quinze livres, douze mille vers,
rien que ça. Qu'allait donc faire Christophe Honoré
dans une telle galère ? Sans doute y chercher de l'inspiration,
montrer que même aujourd'hui, ces contes mythologiques ont
de la modernité en eux. Le pari est tout de même audacieux,
tenter de relier entre elles quelques unes des histoires qui ont
pu faire rêver n'importe quel spectateur, des amours de Jupiter
et Europe à ceux d'Orphée et d'Eurydice, en passant
par Narcisse, Junon, Hermaphrodite et autres dieux ou mortels frappés
par le destin. Le récit qui en sort est un peu bancal, plutôt
artificiel dans sa construction, d'autant plus qu'il met en scène
des jeunes gens vivant au vingt-et-unième siècle,
Jupiter est un camionneur, Europe une lycéenne, et Bacchus
se promène avec un fusil… Certains épisodes
sont assez ridicules, d'autres très réussis et parviennent
à concilier une grâce inattendue avec un aspect très
contemporain, comme celui d'Atalante et d'Hippomène, presque
un poème dansé, ou bien ceux où Bacchus intervient.
Il faut dire que ce dernier est joué par un acteur (Damien
Chapelle), certes inconnu comme tous les autres, mais ayant une
présence énorme et une énergie réjouissante…
Au final, l'ensemble tient plus de la gageure, d'une volonté
un peu potache de faire du neuf un peu clinquant et pas très
profond avec du (très) vieux issu de la culture classique,
ça n'est pas désagréable, mais ça n'est
pas non plus génial.