Prenons la chose du côté
de l'humour. Noir, l'humour. Affreux, sales et méchants,
les personnages. Sordide, leur histoire. Et si on décide
d'en rire, il faut tout de même s'accrocher et supporter les
coups qui ont quelque chose à voir avec le registre du dessin
animé. Parce que dans la vraie vie, on en ressortirait au
mieux, mort; et au pire, paralysé de haut en bas et défiguré.
Quoique, défiguré, comme tous les personnages le sont
dès le début… De ce côté-ci du
récit, donc, les images et les blagues sont plutôt
lourdes. C'est crade, gras, immoral, pas si second degré
que ça mais la vision de cette humanité en souffrance
peut défouler la partie animale qu'on a tous en nous (ou
pas, c'est à voir).
Si vraiment l'on ne peut pas en rire, si même les sourires
se figent, si le dégoût l'emporte sur le drôle,
l'ensemble pourrait bien ressembler à une épreuve.
Les corps n'y sont que douleur, les femmes, chair fantasmée
ou réelle, les pensées et les actes s'accordent dans
des quêtes absurdes et terriblement égocentriques.
Lorsqu'à la fin, toute cette horreur est expliquée,
c'est à la fois énorme et vide. Enorme parce que cela
va au-delà de ce qu'on aurait pu être tenté
de deviner au pire du pire, et vide parce qu'on bascule dans une
irréalité qui n'a plus beaucoup de sens.
Reste l'atmosphère, horriblement bien rendue par le décor,
les lieux filmés, les situations délirantes. Les acteurs
qui poussent le curseur de l'auto-dégradation très
loin. Mikkelsen comme vous ne l'avez jamais vu (mais peut-être
ne souhaitez-vous pas le voir ainsi).