Mektoub my love : Canto uno **

Abdellatif Kechiche

L'histoire

Sète, 1994. Amin, apprenti scénariste installé à Paris, retourne un été dans sa ville natale, pour retrouver famille et amis d’enfance. Accompagné de son cousin Tony et de sa meilleure amie Ophélie, Amin passe son temps entre le restaurant de spécialités tunisiennes tenu par ses parents, les bars de quartier, et la plage fréquentée par les filles en vacances.

Avec

Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Salim Kechiouche, Lou Luttiau, Alexia Chardard, Hafsia Herzi, Delinda Kechiche, Kamel Saadi

Sorti

le 21 mars 2018


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Rien mais tout

 

Kechiche filme les petits riens, les corps qui dorent, les mots répétés, les regards tristes une seconde et les sourires, les grands sourires sur les visages illuminés, les sourires infinis, et rien, il ne se passe rien de vraiment grave, pas un seul événement, des rancœurs et des non-dits, des mains qui frôlent, des mains qui empoignent, des seins qui explosent de bonheur, des cris d'amour, des murmures aussi, pas de drames, un sentiment de jalousie perceptible mais non affirmé, une souffrance enfouie, refoulée, puis qui submerge, mais le soleil toujours, le soleil et rien d'autre, même la nuit, le soleil sur la peau qui reste, qui brûle un peu, c'est rien, c'est rien qu'un coup de soleil, un coup d'amour mais pas d'échanges de coups, juste des jeux pour rire sur la plage, des filles qui se dénouent les maillots pour faire sentir les tensions, pour les atténuer aussi, les presque riens entre deux sirènes autour d'un prince, un prince de rien, beau comme un prince tout de même, qui voudrait dire les mots d'amour mais qui ne les sait pas ou croit ne pas les savoir, qui hésite, qui esquive, une caresse, une caresse sans toucher, juste avec les yeux, puis soudain les corps dans l'eau qui s'emmêlent, qui jouent, à rien encore, qui jouent comme des enfants, pour faire passer la chaleur, pour sentir la vie qui vibre dans les corps, dans les mots, les grandes phrases et aussi les petites, surtout les petites, les phrases qu'on dit quand on ne sait pas quoi dire, pour faire passer la gêne, des petites phrases de rien, mais c'est ça ton dialogue, mais c'est rien, c'est rien de profond c'est rien oui mais c'est tout, c'est tout ce qui fait l'instant, qui nous fait sentir au cœur de ce qui se passe, de ce qui fait passer, un été qui passe et c'est déjà fini, et rien n'est arrivé et rien n'est accompli mais tout le sel de la mer et de la vie est là, dans ces scènes d'une longueur infinie, dans la chaleur de ces instants qui ne disent rien et tout à la fois, Amin, sa mère, Céline, Ophélie, Tony, Charlotte, Camélia et tous les autres, et les cheveux des filles, les sourires des garçons, les garçons qui dansent, les filles qui dansent, les fesses des filles, la lumière sur les dos, l'ombre sur les ventres, le sentiment d'y être, au milieu d'eux, au milieu de rien, au milieu de tout…

 

Vos commentaires pour ce film

Je rattrape mon retard sur les films sortis en début d’année, au chaud à la maison.
Ce film nous donne l’impression d’avoir vécu cet été de 1994 à Sète au cœur d’une bande d’amis, jeunes et beaux, dont la seule préoccupation serait l’amour (Sexe et Sentiments).
C’est chaud, le réalisateur adore visiblement filmer les fesses de ses comédiennes, des petits culs des gros culs, tout est très sensuel, gorgé de soleil.
Les autres générations participent aussi au sujet, en spectateurs. Le personnage principal, ténébreux et secret mais à fois solaire, est lui aussi un observateur.
C’est un film long (2h56 et on les sent vraiment passer) et lent, tout en ambiance, avec une très belle lumière et de belles images.
Un bon moment tout de même, avec d’extrêmes longueurs (la mise à bas des brebis).



Isabelle E-C, le 17 décembre 2018

 

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