Des nouvelles du Vietnam…
et elles ne sont pas très claires. Quelques personnages passent
devant la caméra, s'y attardent, s'y impriment parfois, mais
pas tous. Certains resteront très mystérieux…
qui c'est celui-là ? l'a-t-on déjà vu ? et
le rapport avec les autres ?
Le Mékong est finalement celui que l'on identifie le mieux,
décor des histoires que l'on croit parfois comprendre, fleuve
boueux autant en ville qu'à la campagne. Parfois les images
fascinent, comme dans un Wong Kar-wai, sans les ralentis ni les
costumes ni la musique, mais avec des étreintes, des corps
entremêlés, des matières et puis aussi des sons,
des glissements, des cris d'oiseaux, des paroles au loin, une mélodie…
C'est beau tout d'un coup mais pourquoi ? Sans doute faut-il laisser
à l'entrée du cinéma sa réserve occidentale,
son besoin de rationalité dans le récit. Il est question
d'identité sexuelle et puis d'une opposition entre la jeunesse,
la liberté, l'amour sans entraves d'une part et une figure
ancestrale et peu tolérante d'autre part. On comprend que
la société représentée est attirée
par certains aspects de la modernité (des téléphones
portables, des appareils photo) mais que la plupart des personnages
n'y ont accès qu'au prix de sacrifices.
On en ressort avec une impression poisseuse, comme si l'on venait
de passer une heure au chaud et dans une humidité constante,
de préférence la nuit, sans repères, sur un
terrain mouvant, avec des éclairs de violence souvent incompréhensibles.