Ah, le petit bijou…
Ciselé, comme un objet précieux, montrant une ville
comme jamais, le film pourrait être étudié en
école d’architecture ou d’urbanisme pour tout ce
qui est dit sur les contrastes entre les bâtiments , le découpage
des quartiers, les rapports sociaux qui en découlent…
Pas seulement dans le discours, mais aussi dans les images (pour ceux
qui aiment la photographie urbaine, c’est un régal continuel),
le montage, la structure même du film, très construite,
balisée par les quatre saisons.
Sur cette base formidable d’inventivité, deux personnages
sont d’abord esquissés, puis décrits dans leur
intimité, leurs sentiments et leurs espérances. Ils
sont comme vous et moi, c’est à dire uniques, pas du
tout comme les autres et pourtant d’une banalité urbaine
parfois désespérante. Leur existence est d’abord
presque théorique, comme une étude sociale de la condition
des célibataires en ville, de la solitude malgré la
foule. Puis, par petites touches délicates, avec de la poésie
dans les mots et les images, avec pudeur et retenue, et pourtant avec
beaucoup de profondeur, Martin et Mariana deviennent comme des voisins
de votre propre palier, puis des personnes qui comptent pour vous,
et finalement des amis ou presque, à qui vous souhaitez tout
le bonheur possible…
Il y a bien sûr quelques facilités, des clichés
sur l’amour et les rencontres mais aussi un vrai talent d’observateur
des relations humaines en milieu urbain, et le tout est montré
avec une jolie dose d’humour, en petit décalage, avec
ironie mais sans mépris. On en sort le cœur léger,
le pas alerte, le sourire aux lèvres, une émotion certaine
dans les yeux…