Sophie Fillières n'est
plus. Elle est partie, emportant avec elle sa petite musique si
particulière. Ce dernier film, même s'il a été
écrit avant sa maladie, sonne comme un testament, un adieu.
Après avoir fait tourner des actrices qui s'accordaient avec
son univers singulier (Devos, Mastroianni, Kiberlain), elle semble
avoir trouvé en Agnès Jaoui un vrai double. Celle-ci
est formidable, jouant de la lumière et de la perte de repères
avec une aisance confondante. Le morceau de vie raconté ici
s'articule en trois parties, inégales en plaisir pour le
spectateur mais sans doute est-ce voulu. Déséquilibre,
dépression, décalage, il y a beaucoup de drôleries
mais aussi des passages plus sombres, plus désespérés.
Tout est centré sur le personnage joué par Jaoui,
Barberie, dont on découvre peu à peu son entourage,
sa famille, son quotidien. Comme dans tous les films de Fillières,
il n'y a pas une intrigue qui structurerait le récit, il
s'agit de la description d'une femme absolument pas banale mais
qui pourtant nous est comme familière.