Comment est-ce possible d'insuffler
autant d'espoir et de lumière dans une histoire (et même
plusieurs) aussi sombre ? Le thème, le contexte, les personnages
portent un désespoir profond, il y aurait de quoi sombrer
et baisser les bras face à ces vies brisées. Le film
réalisé en "stop motion" (image par image)
est baigné, dans sa forme, de douceur. Le rythme du récit,
plutôt lent, permet d'entrer en empathie avec les personnages,
de saisir de multiples détails, d'être imprégné
par l'esthétique si particulière (des têtes
énormes sur des petits corps, couleurs vives, décors
stylisés,…).
Malgré ces choix formels forts, à l'encontre de ce
qui se fait le plus souvent dans l'animation actuelle, l'histoire
est bien au centre du film. Les dialogues sont crus, sans doute
pas destinés aux tout petits (quoique…) et ce qui est
suggéré de la vie de tous ces enfants est tout à
fait dramatique. Il y a un aspect miraculeux dans les rencontres,
et si l'on racontait ce qui se passe sans voir les images, ce serait
tout à fait improbable. Mais les frottements et les grincements
sont autant montrés que les caresses, tout ne se fait pas
en une saison, et si, comme dit la chanson, on n'a pas peur de la
route, c'est déjà ça…
C'est drôle, profondément émouvant, d'une luminosité
qui fait un bien fou, vous en sortez les yeux brillants, avec des
hoquets dans la voix si vous parvenez à dire un mot ou deux,
mais avec quelque chose d'apaisé… et aussi l'envie
de changer de boulot, d'être plus utile auprès de ceux
qui ont besoin d'un peu de douceur.