Ah, Dolan, Dolan, Dolan... c’est
compliqué d’être un surdoué. Il arrive
toujours un moment où la créativité s’empâte,
où les partis pris, les choix, les directions ne semblent
plus si étonnantes, lumineuses, renversantes. Cette vie avec
ou sans John Donovan n’a que peu d’intérêt,
ressemble à une exposition de caprices de gens plus ou moins
connus, petites stars sans épaisseur. Le gamin qui écrit
à son acteur fétiche, cela peut être touchant,
mais au bout de quelques minutes, on a envie de passer à
autre chose, c’est à la fois banal et un peu exaspérant.
L’acteur qui répond au gamin et lui fait part de ses
tourments, cela peut aussi être touchant, ou bien hélas,
un peu ridicule. Mais avec Dolan, il devait y avoir l’assurance
que la mise en scène transcende n’importe quel sujet,
une petite histoire d’amour au ras des pâquerettes peut
se transformer en éblouissement visuel et sonore, un ado
déphasé, détestable et survolté peut
cristalliser toutes les souffrances du monde... sauf qu’ici,
tout paraît maniéré, déjà vu,
étouffant (ah, l’usage abusif du gros plan...), boursouflé,
sérieux. Le récit manque de ruptures, d’instants
de contemplation, il est touffu, indigeste, mettant en exergue deux
personnages égocentriques sans beaucoup de recul. Heureusement,
il y a quelques respirations, quelques douceurs, un léger
trouble venant presque exclusivement des personnages féminins,
en particulier les deux mères. Cela sauve quelques passages,
mais pas le film dans son ensemble.