Martha Marcy May Marlene *

Sean Durkin

L'histoire

Après avoir fui une secte et son charismatique leader, Martha tente de se reconstruire et de retrouver une vie normale. Elle cherche de l’aide auprès de sa sœur aînée, Lucy, et de son beau-frère avec qui elle n’avait plus de contacts, mais elle est incapable de leur avouer la vérité sur sa longue disparition.

Avec

Elizabeth Olsen, John Hawkes, Sarah Paulson, Brady Corbet, Hugh Dancy

Sorti

le 29 février 2012

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Enfer doux

 

Ce sont deux récits en parallèle qui nous sont offerts, à quelques mois d'écart : l'un raconte comment une jeune femme prend conscience progressivement qu'elle s'égare dans la secte où elle a échoué, l'autre montre sa sœur et le mari de celle-ci tenter de lui redonner un équilibre après son évasion. Le premier récit devrait être une plongée en enfer, et il n'est que douceur et harmonie, en apparence. Les horreurs en tous genres qui se passent dans la secte sont en effet plus suggérées que décrites, on sent un malaise, de plus en plus profond au fur et à mesure de l'intégration de la jeune femme mais il y a, de par la mise en scène, une fluidité troublante, comme une impression de bien être possible. Pas d'éclat de voix, tout semble autorisé, sauf qu'en réalité, ce n'est pas le cas. La scène où le gourou de la secte interprète une chanson pour la nouvelle arrivante est tout à fait représentative de cette fausse harmonie : la mélodie, les regards, l'écoute, la voix, tout est comme illuminé, d'une sérénité bienfaisante, sauf que les mots expriment la soumission, l'aliénation, le rabaissement de la personnalité. C'est donc un enfer doux, qui s'oppose au second récit, celui du retour à la vie normale. Ce réveil pourrait être l'occasion d'un hymne à la vie, au libre arbitre, à l'indépendance d'esprit et de corps, en réaction aux préceptes sectaires. Le couple formé par la sœur de la jeune femme et son mari paraît équilibré, amoureux, accueillant la naufragée avec générosité et délicatesse, bien qu'à aucun moment ils ne comprennent d'où vient-elle. Mais les réactions hors normes de l'échappée de l'enfer viennent progressivement fêler cet équilibre, ce couple modèle a des failles et leur incapacité à se mettre réellement à l'écoute crée une ambiance trouble, avec un malaise grandissant. On ne sait plus à qui se rattacher, la jeune femme semble être perdue entre deux mondes (formidable interprétation de Elizabeth Olsen, qui incarne complètement le personnage, entre force absurde et fragilité extrême), et la sœur et son mari, à force de glisser et de sentir qu'ils ne parviennent pas à faire partager leur propre sérénité, paraissent eux aussi perdus. La mise en scène accentue cette impression de flottement, interrogeant le spectateur et faisant presque passer le couple pour une autre sorte de secte… C'est fort, très fort.

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