Le mariage à trois *

Jacques Doillon

L'histoire

Un dramaturge reçoit chez lui les protagonistes de sa nouvelle pièce. Mais la présence conjuguée de son ex-femme, de son nouvel amant, et d’une jeune assistante, va rendre la journée particulièrement tumultueuse, entremêlant création et enjeux sentimentaux.

Avec

Pascal Greggory, Julie Depardieu, Louis Garrel, Agathe Bonitzer, Louis-Do de Lencquesaing

Sorti

le 21 avril 2010

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Quintette sentimental

 

Mais où sont donc passées l’hystérie et la gravité vitale des films de Doillon, version vingtième siècle ? Dans ce mariage à trois (ou à cinq, c’est encore plus riche en possibilités), il y a du jeu, de la légèreté, des dialogues parfois murmurés, les cris sont rares et lorsqu’ils jaillissent, ils n’en prennent que plus de force. C’est un va-et-vient de sentiments, de demi mensonges, directs ou par omission, on frôle le vaudeville sans jamais y tomber, les portes ne sont jamais franchies aux instants fatidiques et c’est tant mieux, pour la saveur des situations, pour la subtilité des enchaînements. Les points de vue adoptés par le réalisateur se multiplient, le spectateur se retrouve dans la situation du voyeur omniscient et cela peut mener à la jubilation devant ces duos, parfois trios ou quatuors (le cinquième élément n’étant qu’un observateur, n’intervenant pas dans le jeu des sentiments) se répétant à l’infini, se nuançant comme une fugue de Bach. La sensualité des corps fait que l’ont peut aussi évoquer un ballet, mais les mots et les contrastes des voix et des dictions (ah, celle de Julie Depardieu, un petit régal…) apportent tellement de couleurs que le rapport à la danse paraît réducteur.
Bien sûr, tout cela s’apparente à un jeu qui parfois peut faire rire, ou exaspérer, ou fasciner de par sa construction savante. On peut aussi trouver que l’enchaînement des scènes finit par tourner en rond, à vide, sans débouchés, sans prise sur la réalité. Qu’importe, le plaisir donné par les acteurs est plus important que l’aspect peut-être un peu théorique et vain du scénario.
Si Pascal Greggory et Louis Garrel font ce qu’on attend d’eux, sans véritablement surprendre (si ce n’est qu’ils le font très bien, et pour Louis Garrel, c’est une surprise…), les deux femmes, Julie Depardieu et Agathe Bonitzer, anges volcaniques, se comportent comme des diablesses manipulatrices ou amoureuses d’une douceur hypnotisante, ce sont elles qui donnent le rythme, elles sont le cœur du film.

 

 

 

 

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