Margin Call

Thriller économique, mon cul !
Lorsqu'un des personnages se met à expliquer un aspect dit "économique" de l'histoire, c'est toujours "comme s'il s'adressait à un enfant", car, curieusement, les grands pontes de l'entreprise dont il est question, disent "ne rien y connaître"… Et bien, si les enfants comprenaient le jargon employé et surtout les notions évoquées, on serait drôlement mal barrés, le futur serait capitaliste ou ne serait pas, et merde, on a quand même le droit d'espérer autre chose, non ?
Bref, financièrement parlant, c'est tout de même un peu pointu.
Et pour le thriller annoncé, on repassera. Il n'y a aucun suspense, on s'attend à ce qu'il se passe quelque chose, un pétage de plombs bien costaud, un truc énorme, que tous ces personnages bien propres sur eux finissent par se foutre sur la gueule, fracassant leurs écrans d'ordinateurs, ou se jetant les uns les autres avec une allégresse désespérée du haut de leurs immeubles super modernes. Mais rien de tout ça, c'est juste le récit très chronologique et finalement assez sage d'une nuit d'angoisse (mesurée, l'angoisse, quoiqu'il arrive, ils pourront toujours manger à leur faim…) de quelques personnages vivant sur une autre planète, se rendant compte que leur entreprise va couler et pour sauver leur pépettes, ils sont prêts à ruiner leurs amis et leurs mères. Le sang froid qu'ils manifestent face à la crise qui les touche est abject, car nous connaissons la suite de l'histoire, et eux aussi, probablement. La petite cuisine qu'ils concoctent pour s'en mettre, malgré tout, plein les poches et se repeindre les couilles en or va précipiter des entreprises, des états dans la crise, et avec eux des millions de gens vont se retrouver dans une vraie difficulté financière… et ces trous du cul s'en balancent.
Le film ne semble pas les condamner, il y a une certaine fascination de la part du réalisateur pour le système financier, pour les personnages qui ne pensent qu'à leur gueule enfarinée. Tout ça donne des envies de meurtre. A défaut, on se contentera de les injurier mentalement.