Amateurs de cinéma, de football,
de musique latino (du tango à Manu Chao), pourfendeurs du libéralisme,
admirateurs du Che, ce film… n’est pas pour vous. On peut
d’ailleurs se demander à qui il est destiné. On
est tenté de croire qu’à la faveur d’une
longue interview avec le dieu du foot argentin, Kusturica se permet
un long clip promotionnel pour lui-même, lorsqu’il met
en parallèle des extraits de ces films avec des propos de la
star relatant des anecdotes qui n’ont pas grand intérêt.
On peut penser à d’autres moments que le réalisateur,
se mettant beaucoup en scène, est atteint du syndrome Michael
Moore. Mais on en est fort loin. Si le film n’est pas une hagiographie,
il ne s’étend pas sur les multiples contradictions du
personnage. Kusturica reste de bout en bout un admirateur béat
de son sujet. Et celui-ci révèle ses faiblesses assez
rapidement : un footballeur anti-Bush et le proclamant, acceptant
de parler de son addiction à la cocaïne, star incontestée
et meilleur joueur du Monde au faîte de sa gloire, ce ne pouvait
être qu’un personnage formidable : il n’en est rien,
ou presque. Le discours, même s’il est plus question de
politique que de football, est tonitruant dans sa forme, mais au fond
plutôt creux, répétitif, sans arguments. Comme
Kusturica n’a pas élargi le documentaire en cherchant
l’impact de l’aura de la star sur la société
argentine (sauf deux visions loufoques et sinistres d’une "église
maradonnienne" et d’une boîte de nuit à strip-tease
à la gloire de Diego), l’ensemble paraît long,
très long. (Match) nul, sans intérêt.