Ce serait comme un marchand de
melons qui vous promet que les siens sont immondes, pourris et bons
à jeter…mais qui tente de vous les vendre, et ce au
prix fort. Brillants et dorés à l'extérieur,
infectes à l'intérieur, et pourtant admirez-les, aimez-les,
laissez-vous séduire.
Les personnages décrits travaillent tous à Hollywood,
ce sont des ordures, ou des fêlés, des menteurs pervers,
des arrivistes vulgaires capables de tout, des psychotiques avides
de pouvoir, des drogués au dollar… Bien sûr,
en faisant côtoyer tous ces sinistres éléments
de la nature humaine, en mettant soigneusement de côté
la générosité, l'amitié, la fraternité
et autres naïvetés totalement dépassées
(…), Cronenberg ne peut que produire une histoire étonnante,
terrible et terrifiante ; une histoire de famille dégénérée,
avec secrets révélés, membres rejetés
et revenus pour, sinon se venger, au moins demander quelques comptes.
C'est donc dérangeant, mais ce dérangement est tellement
attendu qu'il finit par ne plus surprendre, d'autant plus que la
fascination pour la violence est toujours présente et apparaît
ici un peu gratuite.
Les acteurs, Julianne Moore en tête, sont formidables, bien
qu'ils ne fassent pas vraiment dans la dentelle : ils jouent les
tordus, avec abnégation, et ça fonctionne.
Mais cette façon de cracher dans la soupe hollywoodienne
est un peu lourde, un peu difficile à avaler : au moins,
lorsque David Lynch le faisait dans "Mulholland
Drive", il y apportait un aspect génialement ludique
dans le récit, l'enrobait avec une splendeur visuelle et
y insérait un personnage innocent, perdu, auquel on pouvait
s'identifier. Cronenberg avec cette "carte aux étoiles"
à la mise en scène très froide, cynique et
hyper-réaliste, prend le risque de perdre le spectateur,
que celui-ci refuse son univers. Hollywood, usine à rêves
? à cauchemars, plutôt.