Bien évidemment, c’est
un récit et une mise en scène faciles, avec deux personnages
ultra définis, une situation et une évolution très
balisées. Mais Klapisch est réellement en colère
contre le système boursier qui démonte des entreprises,
pour le profit de quelques-uns. Et se dire que cette colère
est étalée dans un film populaire, ayant des chances
d’être vu par un ou deux millions de personnes, c’est
assez réjouissant.
Gilles Lellouche en trader calculateur et hyper performant, on n’y
croit pas vraiment, il y a trop de bonhomie en lui, trop de sourires
étonnés, pas assez de froideur, mais du coup il ne tombe
pas tout à fait dans le cliché. Karin Viard, elle, est
formidable. Véritable tornade, visiblement se faisant plaisir
à en faire juste un tout petit peu trop mais crédible
en femme ouvrière qui en a vu d’autres, prête à
beaucoup de choses pour se relever de son infortune. Elle enfonce
les deux bombasses sans charme qui font apparaître un sourire
béat sur le visage du trader qui n’a aucun goût,
vraiment : on dirait notre président. Et d’ailleurs,
l’ouvrière qui se rend compte, mais un peu tard, que
son malheur social est dû à une petite amusette du lourdaud
boursier, comment s’appelle-t-elle ? France !
Le récit qui les fait se rencontrer ressemble vaguement à
un scénario de comédie romantique, on se dit qu’on
a déjà vu tout ça ailleurs, les parallèles
entre les deux mondes ont parfois une lourdeur certaine, il n’y
a pas beaucoup d’originalité, alors ? Sauf que Klapisch
n’est pas un tâcheron, son consensualisme a des limites
et il nous gratifie d’une fin qui n’a rien d’un
happy-end, qui montre que la fracture sociale est toujours là
et bien là, et comme il est dit au début, on n’obtient
rien en étant seul, c’est par la solidarité et
la lutte qu’on finit par être en position de renverser
un état de fait, un état de moins en moins fraternel….