Manchester by the sea

Kenneth Lonergan

L'histoire

L’histoire des Chandler, une famille de classe ouvrière du Massachusetts. Après le décès soudain de son frère Joe , Lee est désigné comme le tuteur de son neveu Patrick . Il se retrouve confronté à un passé tragique qui l’a séparé de sa femme Randi et de la communauté où il est né et a grandi.

Avec

Casey Affleck, Lucas Hedges, Kyle Chandler, Michelle Williams, Gretchen Mol

Sorti

le 14 décembre 2016


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Au ras du varech

 

Manchester by the sea n'est pas Manchester en Angleterre, c'est quelque part aux Etats Unis, et visiblement ce n'est pas en Floride. Il fait un froid de canard, le bord de mer est plutôt mélancolique et la population ne semble pas richissime. Dans cet univers, un personnage joué par Casey Affleck, le frère de l'autre, pourvu d'une voix déchirante et d'une paire d'yeux de cocker, se retrouve tuteur de son neveu, un ado insupportable comme un ado, touchant comme un ado, bref, un ado. La solitude de cet homme, les souvenirs qui lui reviennent, son histoire personnelle, tout est là pour donner naissance à un grand mélo, ou à une chronique du désespoir ou à une machine à questionnements multiples sur la transmission, la famille, la culpabilité, le pardon, la résilience, le deuil, et toute cette sorte de choses qui font que la vie n'est jamais un long fleuve tranquille. Le scénario a la grande intelligence de ne répondre à aucune question de façon tranchée, de ne pas enfermer les personnages dans des archétypes, de ne pas les juger. Cela ressemble à la vie, en somme.
Mais la forme est d'une platitude très décevante. Le récit et la mise en scène, bien plombés par un montage sans grâce et des musiques redondantes (scène dramatique : adagio d'Albinoni !) font de cette histoire une sorte de compil d'épisodes tragiques d'une série télé filmée à la truelle. L'image est formidablement laide, d'une netteté qui exclut toute poésie. Les plans se succèdent, explicatifs, montrant bien les lieux, les époques. C'est désespérément carré (l'un des premiers plans est un exemple frappant : on voit un bateau de pêche sur la mer, il avance, vu de trois quarts, la caméra le suit, impeccablement, rien ne bouge, sauf le bateau, l'image est super nette, ça dure une vingtaine de secondes et ça ne montre que cela, un bateau sur la mer, ça n'a strictement aucun intérêt). Pas de flou, pas de contemplation, rien que du factuel. Ce serait une tragédie sociale à la Ken Loach, on applaudirait. Ici, cela se joue sur les sentiments, les souvenirs, la fragilité des relations humaines. La raideur ou la distance, cela serait acceptable mais la platitude, ça ne passe pas, tout reste au ras des pâquerettes (ou du varech).

 

Vos commentaires pour ce film

Un coup de poing au milieu du ventre, un film qui « mouille les yeux », servi par une interprétation sobre et touchante, toute en émotion intériorisée.
Ce film, un peu lent et long (2h18), est un bijou poignant qui parle de famille, d’attachement de drame et de douleur, sur fond de Nouvelle Angleterre.
Vraiment bien.


Isabelle E-C, le 20 décembre 2016

 

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