Concocter un film sur un stage
de troisième, pourquoi pas ? C'est l'occasion, pour un jeune
entre quatorze et seize ans, de se confronter au monde des adultes
et de pouvoir les observer sans le prisme parental (enfin, presque…)
ou professoral. Le récit épouse le point de vue d'une
jeune fille sans particularité, ni trop intelligente, ni
trop jolie, ni trop curieuse, un peu de tout cela mais sans excès,
pour que le personnage soit crédible. Elle découvre
un monde qu'elle ignore et qu'elle regarde d'abord avec la condescendance
habituelle d'une adolescente lambda qui ne s'intéresse à
rien ou à pas grand-chose, qui voudrait tout saisir sans
effort… on en connaît forcément quelques spécimens,
n'est-ce pas ? Et puis, parce que le monde des adultes n'est pas
un jeu vidéo, ni une série télé, ni
une illusion à tendance bisounours, la jeune fille est choquée
par un incident, une algarade qui l'émeut. A partir de là,
l'histoire est un peu cousue de fil blanc, mais pas inintéressante
dans ce qu'elle montre du monde impitoyable de l'entreprise et de
la quête toute puissante de l'argent mais aussi dans la façon
dont quelqu'un qui commence à comprendre comment cela fonctionne
peut réagir, s'indigner, refuser, et puis finalement accepter,
reposer le tapis sur l'amas de poussière immonde qu'on a
découvert.
Cela pourrait retenir l'attention, et même probablement passionner,
s'il y avait du cinéma là-dedans. Mais c'est filmé
très platement, sans rythme, sans contrastes, sans imagination.
Marc Fitoussi illustre, raconte, mais ne fait pas un objet de cinéma,
ni dans la narration, ni dans l'esthétique. C'est du filmage
gentil, pour un sujet qui ne l'est pas.