France Inter ou France Culture
font partie de la vie de millions de gens. Des personnes branchées
en permanence ou presque sur des voix familières, des ambiances
sonores qu'on aime retrouver… Si vous en faites partie, ce
film s'immisçant dans les coulisses de votre radio préférée
est de toute évidence un concentré de plaisir en perspective.
Son auteur, Nicolas Philibert, ne fait pas de documentaire au sens
strict. Il pose ses caméras et tente de capter une atmosphère,
ses montages ne démontrent rien, ne tentent pas de convaincre,
ils privilégient la contemplation…
Cette plongée dans la maison de la radio en décevra
donc quelques uns, parce qu'ils n'y verront pas leur animateur préféré,
ne comprendront pas comment se fabrique l'émission qu'ils
ne loupent jamais… Il ne s'agit pas d'un reportage exhaustif
sur tout ce qui se passe dans la maison ronde. Mais c'est avec un
sourire constant, réel ou intérieur, que l'on goûte
à ces images qui révèlent au moins une chose,
l'importance de l'écoute. Avant même la prise de parole,
tous les journalistes ou animateurs, et même les invités,
commencent par écouter. Il y a à ce titre une séquence
complètement fascinante, drôle et émouvante,
qui montre une jeune femme, professeur de français, invitée
sur France culture. Alors même qu'elle ne dit rien, pendant
qu'elle écoute le journaliste lui lire quelques phrases du
livre qu'elle a écrit, ou lui poser une longue question,
ou encore lui faire entendre une musique surprenante, son visage
exprime l'inquiétude, l'interrogation, l'amusement, un bonheur
intérieur, ses yeux rient et sa bouche pleure puis c'est
le contraire et pourtant presque rien ne bouge, ça n'est
pas tout à fait imperceptible, mais presque… Ce serait
une actrice, on se dirait que la palette de ses expressions est
incroyable… elle n'est qu'une jeune femme vivante, absolument
pas consciente de la caméra qui la fixe.
Tout dans le film n'est pas aussi hypnotisant, et cela vaut mieux,
on en ressortirait exsangue, mais, à part quelques séquences
musicales un peu trop longues, c'est du petit bonheur en continu,
et lorsque le générique de fin commence, on n'a pas
vu le temps passer, on en redemande. Une fois rentré chez
soi, on allume la radio, par réflexe, et ça n'est
pas exactement comme avant. Beaucoup de mystères restent
entiers, et heureusement, mais l'impression d'avoir été,
une heure ou deux, petite souris observant sans être vue,
nuance légèrement notre écoute. Tiens, vous
avez dit écoute ?