C'est un film brûlant,
lumineux comme un feu de paille, éclatant, brillant, puis
déclinant, sombrant vers la tristesse, comme un diamant noir.
Deux frères comme les deux facettes d'un même personnage,
qui serait un jeune homme dans les années 80, voulant mordre
dans les délices de la vie mais empêché de le
faire, par les conventions, par le poids de la famille, par ses
peurs d'affronter le monde, les interdits, l'autorité crasse,
mais aussi les dangers de la liberté, la féminité
(représentée ici par une fille formidable dans son
énergie et ses contradictions, chapeau l'actrice), l'indépendance…
Une histoire en forme de récit d'initiation, avec ses étapes
obligées, ses renoncements, ses révélations
sur les autres mais plus encore sur soi-même. La mise en scène
épouse cette éclosion, et elle est à la fois
spectaculaire et intime, singulière et terriblement efficace.
Les séquences de création radiophonique sont complètement
grisantes, il y a là une belle foi en un cinéma foisonnant,
jouant sur tous les tableaux, la lumière, le son, les cadres,
le rythme, comme un Wes Anderson survolté. Et puis il y a
le regard du personnage joué par Thimotée Robart,
habité, ébloui, transporté malgré le
calme apparent. Tétanisé à l'extérieur,
bouillonnant à l'intérieur.
Un premier film incroyablement maîtrisé, mais qui sait
lâcher les décibels, les couleurs, les émotions.
Vivement le deuxième !