Ah, tiens, un classique. Je suis
mauvais, en classiques. J'ai des lacunes.
La fermeture inique des cinémas en fait rattraper quelques
unes (des lacunes).
Le magicien d'Oz est une histoire en forme de rêve,
à la morale bien sage : ne cherche pas ailleurs ton bonheur,
tu l'as chez toi. Soit donc une jeune fille pleurnicharde et mal
fagotée qui fait une fugue comme à peu près
toutes les adolescentes ont rêvé de le faire, se fait
renvoyer chez elle par un voyant plus malin que voyant et se fait
prendre par une tornade. Impressionnante, la tornade. Jusque là,
tout va bien. C'est gentiment désuet, il y a une jolie chanson
que tout le monde connaît (over the rainbow, rien
à voir avec le warrior), l'actrice hyper connue joue comme
une truffe et n'a pas du tout l'âge du rôle, mais on
se dit, le meilleur est à venir, le monde merveilleux, l'épouvantail,
et toutes ces joyeuses dingueries vues au hasard d'extraits en ligne,
sur des petits écrans.
Et le voici donc, cet univers merveilleux. En couleurs. Criardes,
les couleurs. Avec des costumes qui ont l'air de déguisements
ratés pour une fête costumée ringarde. Dans
des décors très géométriques, une sorte
de Disneyland avant l'heure et pour tout dire, c'est laid. Très
laid. Ça pique les yeux méchamment. Bien sûr,
c'est subjectif, la laideur, la beauté… et cette avalanche
de guimauve en carton a plus de quatre-vingts ans, on comprend que
cela ait pris comme un coup de vieux.
L'histoire est cousue de fil blanc, se déroule sans surprises,
la greluche en robe moche rentrera chez elle (elle se réveillera)
après quelques rencontres sans ambiguïtés (cinq
gentils ou gentilles, une méchante), sans émotion,
sans peur et sans un seul rire (quelques sourires tout de même
pendant la tornade).
Et ce n'est pas seulement une histoire de vieillissement…
Freaks, de Tod Browning, date de 1932, et c'est merveilleusement
horrible. Ce magicien d'Oz a sept ans de plus et c'est
juste bêtement laid.