On ne pourra
pas reprocher à Patrice Leconte d'avoir tenté l'aventure
du film d'animation. Si les mouvements paraissent un peu rigides,
les dessins ont de l'originalité, les visages sont particulièrement
expressifs, les décors plutôt fouillés avec de
multiples détails amusants, à défaut d'être
hilarants.
Mais (et c'est un très gros mais), on aurait pu aisément
se passer de toutes les chansons. Niaises, répétitives,
ne rajoutant absolument rien au récit, alignant à peu
de notes près toujours la même mélodie, singeant
les Disney les plus ennuyeux. Leur absence aurait pu faire gagner
une bonne demi-heure au film. Mais (et c'est encore un plus gros mais)
là n'est pas le pire. Le scénario tient sur un bout
de corde pour se pendre. Il y a une idée pour commencer. Puis
une deuxième un peu plus tard, et c'est tout. Apéritif,
entrée, et on passe au café. Ah, non, même pas
de café.
C'est donc l'histoire d'un magasin qui vend des objets pour se suicider.
Super, belle intention, surtout par les temps qui courent. Sauf que
le récit patine sur cette donnée, passe et repasse indéfiniment
par le même chemin : un client entre dans le magasin, ne sait
pas quoi choisir, on le conseille, il sort, et va se pendre, ou avale
un poison, ou s'embroche, bref, il se tue, sans oublier de dire tout
le mal qu'il pense de la vie. Raconter cela devrait tenir en dix minutes,
dans le film cela prend une heure.
Puis vient la deuxième idée, le fils cadet des propriétaires
du magasin est un joyeux drille et veut arrêter cette hécatombe.
Et, surprise (quelle surprise !…), il y parvient, et cela finit
dans une cacophonie de cris de joie et de chants qui se veulent entraînants,
avec une overdose de couleurs criardes, sans oublier une histoire
d'amour parfaitement nunuche. En bref, il y avait matière à
faire un court métrage gris-rose, un quart d'heure, pas plus.
Au lieu de cela, on a énormément de mal à digérer
cette collection de suicidés (même pour rire, ils donnent
le cafard) puis la trop bonne humeur forcée. Au secours !